Les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) constituent le cadre du reporting CSRD. Elles définissent les sujets de votre rapport et oriente ainsi votre stratégie ESG. Aujourd'hui, nous vous expliquons ce que ce sont les normes ESRS et comment vous préparer au reporting.
La directive CSRD redéfinit les obligations de reporting extra-financier des entreprises en Europe, et s’appuie sur les normes ESRS. Ces nouvelles normes standardisent les rapports de durabilité pour permettre une meilleure comparabilité des données entre entreprises. Elles couvrent trois domaines clés : environnement, social et gouvernance. Pour les entreprises, il s’agit d’une opportunité de renforcer leur stratégie ESG tout en répondant aux attentes croissantes des parties prenantes.
Quelles sont les normes ESRS ? Lesquelles sont obligatoires ? Comment préparer son reporting extra-financier ? Voici ce que vous devez savoir.
Les normes ESRS, qu’est-ce que c’est ?
Les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) constituent les nouveaux critères de reporting extra-financier. Elles s’inscrivent dans le cadre de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) en vigueur depuis début janvier 2024.
Ces normes standardisent les rapports de durabilité avec pour objectif de :
- faciliter la comparabilité des informations d'une entreprise à l’autre ;
- améliorer la transparence des données communiquées par les entreprises.
💡 Bon à savoir : pour rappel, la CSRD étend le reporting extra-financier aux entreprises de taille moyenne et aux filiales non-européennes à horizon 2026.
Depuis le 1er janvier 2024, les entreprises doivent intégrer ces critères à la réalisation de leur rapport. Le calendrier d’application progressif :
- Depuis janvier 2024 : les grandes entreprises déjà soumises au DPEF ;
- En janvier 2025 : les entreprises de plus de 250 salariés ;
- En janvier 2026 : les entreprises entre 10 et 250 salariés.
💡 Le conseil WeCount : petites et moyennes entreprises, nous vous recommandons d’anticiper dès maintenant les changements sur votre organisation !
Les 12 normes ESRS en bref
Au-delà de l’obligation réglementaire, la directive CSRD devient un outil de pilotage stratégique pour votre entreprise. Vous pouvez utiliser les normes ESRS pour transformer votre stratégie ESG et définir un plan d’action performant.
Les ESRS demandent à l’entreprise de publier les initiatives mises en place (ou à venir) vis-à-vis des sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance. C’est l’obligation de transparence.
Mais vous ne devez pas nécessairement rapporter sur tous les indicateurs. C’est votre analyse de double matérialité qui définit les sujets et enjeux pertinents pour votre entreprise.
Les normes ESRS reposent sur trois piliers : l’environnement, le social et la gouvernance (ESG).
Elles sont classées en trois catégories :
- les normes générales (transversales et thématiques),
- les normes sectorielles (à venir),
- et les normes pour les PME (à venir).
Voici la liste des 12 normes ESRS :
L’information se structure autour d’exigences de publication, appelées Disclosure Requirements ou DR. Elles cadrent les types de données à publier dans votre rapport. Cela comprend des informations quantitatives mais aussi qualitatives.
Des normes transversales communes à toutes les entreprises
Les normes transversales s’appliquent à toutes les entreprises. Elles servent à cadrer votre rapport de durabilité. On compte deux ESRS transversales.
ESRS 1 : Principes généraux
L'ESRS 1 est une norme informative. Elle explique le fonctionnement des ESRS, la structure du rapport et fixe les règles générales pour les normes thématiques.
Cette norme définit aussi certains concepts fondamentaux comme la double-matérialité et la méthodologie à utiliser pour réaliser votre rapport.
💡 Bon à savoir : L'ANC (Autorité des Normes Comptables) définit la double matérialité comme “l’identification des enjeux de durabilité matériels pour l’entreprise, sous l’angle de la performance financière, ainsi que pour la société et l’environnement.”
ESRS 2 : Informations générales
L'ESRS 2 mentionne les obligations d'information qui s'appliquent à toutes les entreprises, peu importe leur secteur. L’entreprise doit communiquer des informations générales en matière de durabilité. Cette norme fait le lien avec les ESRS thématiques.
10 normes thématiques autours des enjeux ESG
Les normes thématiques des ESRS sont classées en thèmes et en sous-thèmes.
L’entreprise rapporte selon le principe de double matérialité. Cela signifie que les activités de l’entreprise ont un impact sur le sujet ESG, mais aussi que ce sujet impacte l’entreprise.
Par exemple, une entreprise de pêche impacte la biodiversité marine. Mais en retour, une perte de la biodiversité peut signifier une perte de chiffre d’affaires.
Autrement dit, l’entreprise rapporte sur les normes qui démontrent des impacts matériel et financier avérés.
Environnement
Les normes environnementales se concentrent sur les impacts écologiques des activités des entreprises.
ESRS E1 : Changement climatique
- 9 exigences de publication (DR)
- Elle porte sur votre plan de transition climatique, vos objectifs de réduction d'émissions de GES et votre bilan carbone.
💡 Bon à savoir : la charge de la preuve est inversée pour l’ESRS E1. L’entreprise doit prouver qu’elle n’a pas d’impact sur le climat et que le changement climatique n’a pas d’impact sur ses performances financières.
ESRS E2 : Pollution
- 6 exigences de publications
- Elle traite de vos politiques et actions pour lutter contre la pollution de l’air, de l’eau et des sols.
ESRS E3 : Ressources marines et en eau
- 5 exigences de publications
- Elle met l'accent sur les politiques de préservation des ressources marines.
ESRS E4 : Biodiversité et écosystèmes
- 6 exigences de publications
- L’entreprise rend compte du plan d’action mis en œuvre pour protéger la biodiversité et les écosystèmes.
ESRS E5 : Utilisation des ressources et économie circulaire
- 6 exigences de publications
- Politiques de recyclage ou de réemploi des ressources.
Social
L’aspect social traite des sujets de droit du travail, de bien-être des salariés et de l’impact sur les parties prenantes de l’entreprise.
ESRS S1 : Main d'œuvre de l’entreprise
- 17 exigences de publication.
- Elle se focalise principalement sur les politiques de ressources humaines et le bien-être des employés au sein de l’entreprise.
ESRS S2 : Employés de la chaîne de valeur
- 5 exigences de publications.
- Elle concerne l'impact de vos activités sur les travailleurs au sein de votre chaîne de valeur, y compris vos prestataires et partenaires.
ESRS S3 : Communautés concernées
- 5 exigences de publications
- Cette norme se concentre sur les impacts générés par l'activité de l’entreprise sur les communautés locales et globales.
ESRS S4 : Consommateurs et utilisateurs
- 5 exigences de publications.
- Cette norme traite de l'impact potentiel de vos activités sur les consommateurs et les utilisateurs finaux jusqu’à l’aval de votre chaîne de valeur.
Gouvernance
Cette thématique tourne autour des pratiques de conduite des affaires au sein de l'entreprise.
ESRS G1 : Conduite commerciale
- 6 exigences de publication.
- Elle concerne les pratiques commerciales et les politiques en place au sein de l'entreprise en termes de culture d’entreprise ou de lobbying par exemple.
- L’objectif est de prendre du recul et d’apporter une vision globale sur des sujets transverses à l’entreprise.
Les ESRS sont-elles obligatoires ?
Seule l'ESRS 2 est obligatoire pour toutes les entreprises. Les autres normes ESRS font l’objet du reporting seulement si l’analyse de double-matérialité montre un impact significatif sur les performances financières de l’entreprise et sur l’environnement ou la société.
Comment se préparer au reporting CSRD ?
Pour vous préparer au reporting CSRD, nous vous proposons un plan d’action en trois étapes.
Étape 1 : analyser votre double-matérialité
L’analyse de double-matérialité porte sur l’ensemble de votre chaîne de valeur en amont et en aval. L’objectif est d’étudier les impacts de votre entreprise sur l’environnement ou la société et réciproquement.
Vous devez réaliser cette analyse pour tous les enjeux couverts par les ESRS et les disclosures requirements afin de définir quelles normes sont matérielles pour votre entreprise. Ce sont les normes que vous devrez intégrer à votre rapport.
Ensuite, associez votre analyse à un gap analysis (ou analyse des écarts) pour comparer les données disponibles avec les exigences de l’ESRS.
Vous pourrez ainsi visualiser les informations manquantes et planifier la collecte de données.
Étape 2 : mettre en place un processus de collecte des données
Suite à la première étape, vous avez une vision claire des données que vous devez récupérer pour votre rapport.
Pour faciliter votre reporting, il faut instaurer un système de collecte de données robuste. Votre but est de garantir la fiabilité et l’exactitude des informations rapportées.
Pour cela, identifiez les outils et les rôles dont vous aurez besoin. Vous pouvez également déterminer qui sera contributeurs du rapport.
Vous pouvez par exemple, vous dotez d’une plateforme ESG pour gérer les flux de données relatives aux émissions de GES.
Étape 3 : établir un plan d’action ESG
La dernière étape est d’aligner stratégie business et stratégie ESG. C’est pourquoi il faut définir un plan d’action qui prendra en compte vos priorités et vos objectifs.
Lors des premières années, concentrez-vous sur les sujets les plus importants en termes de matérialité et ceux où l'écart en matière de données est le plus facile à combler.
Pour les entreprises de moins de 750 salariés, la mise en place est progressive. Elle est précisée dans l'ESRS 1.
Pour conclure, le reporting CSRD représente une opportunité majeure pour orienter votre entreprise vers un modèle plus durable avec la mise en place d’une stratégie ESG performante. C’est aussi une opportunité de business, pour lever des financements par exemple. La durabilité sera la norme attendue, à terme, par les investisseurs et les parties prenantes.
La CSRD vous permet donc non seulement d'améliorer votre transparence, mais aussi de renforcer votre compétitivité à long terme !
Vous voulez être accompagné dans votre rapport CSRD ?
Chez WeCount, nous sommes des expert-es du bilan carbone et du reporting ESG. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 entreprises de secteurs variés (agroalimentaire, cosmétique, numérique, textile, sociétés de conseils, etc.).
Pour plus d’informations, contactez-nous !
Nous vous expliquons tout ce qu'il faut savoir sur les normes ESRS et comment vous préparer au reporting.
Vous pensez manquer de connaissances pour réaliser un bilan carbone ? Vous vous demandez comment définir une stratégie climat efficace ? Vous ignorez par où commencer ? Nous répondons à toutes vos questions.
De plus en plus d’entreprises souhaitent se lancer dans le calcul du bilan carbone. Outre la comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, le bilan carbone vous permet de définir un plan de décarbonation précis et détaillé.
Mais par où commencer et comment le réaliser ?
Quelles données collecter et comment les analyser ? Quels types d’actions de réduction des émissions mettre en place ?
En répondant à ces questions, vous aurez toutes les connaissances nécessaires pour vous engager dans une stratégie climat impactante.
Aussi, pour réaliser un bilan carbone, suivez ces 7 étapes essentielles !
1. Première étape pour réaliser un bilan carbone : définir le périmètre
Comment cadrer son projet ?
La méthode officielle de calcul des émissions de gaz à effet de serre (GES) recommande de s’appuyer sur 3 périmètres essentiels (1).
Le périmètre organisationnel
Tout d’abord, définissez les différents sites et bâtiments qui constituent votre entreprise.
Quel est le SIREN de la société dont vous souhaitez faire le bilan carbone ?
Quels sont les différents SIRETs qui en dépendent ?
Quels sont les équipements et installations associés à chaque site ?
💡 Le Conseil WeCount : Appuyez-vous sur l’organigramme de votre entreprise pour vous y retrouver plus facilement !
Le périmètre opérationnel
Il est défini par l’ensemble des postes d’émissions de GES. Cela inclut les postes :
- d’émissions directes (scope 1) ;
- d’émissions indirectes (scopes 2 et 3).
Les scopes sont définis par le GHG Protocol. Il s'agit du cadre international pour réaliser un bilan carbone.
💡 Bon à savoir : selon la norme française (BEGES), ces scopes sont découpés en 6 catégories.
Le périmètre de déclaration
Une fois les postes d’émissions identifiés et classés selon les différents scopes, établissez le périmètre de déclaration.
Pour ça, posez-vous la question suivante : quelles sont les émissions du périmètre opérationnel qui doivent être comptabilisées ?
Pour les définir, identifiez les émissions directes et indirectes les plus significatives.
💡 Bon à savoir : Par significatif, on entend ce qui représenta une part non négligeable des émissions. C’est aussi ce sur quoi on agira en priorité pour réduire nos émissions lorsque c’est possible. On se concentre d’abord sur les émissions qui pèsent le plus sur le bilan carbone !
2. Choisir la méthodologie pour calculer le bilan carbone de votre entreprise
En France : le BEGES
Le bilan d’émissions de gaz à effet de serre, ou BEGES, s’appuie sur une réglementation française. Le bilan carbone de l’entreprise doit respecter le cadre réglementaire imposé par le BEGES.
Défini en 2010 par la loi Grenelle II, il représente un cadre de calcul officiel.
En suivant ses recommandations, vous respectez la norme ISO 14064-1.
💡 Bon à savoir : La méthode Bilan Carbone® permet de respecter le cadre réglementaire du BEGES. C’est pourquoi la plupart des bilans carbone s’appuient sur cette méthodologie.
À l’international : le GHG Protocol
Le protocole Greenhouse Gas a été créé en 1998.
Vous êtes une multinationale ou vous évoluez sur des marchés étrangers ? Nous vous conseillons de suivre ses recommandations. Ainsi, vous êtes certain d’être conforme à la réglementation internationale.
Le Conseil WeCount : Le GHG Protocol est la méthodologie que l’on recommande aux entreprises concernées par la CSRD.
3. Collecter les données nécessaires au calcul de votre bilan carbone entreprise
Quelles données collecter ?
Tout d’abord, identifiez :
- Les données primaires, directement liées à votre organisation (nombre de kilomètres parcourus, quantité de matières premières utilisées, etc.) ;
- Et secondaires, à recueillir chez vos partenaires et clients.
Chaque donnée est rattachée à un site d’activité et à un scope (ou catégorie). Cela vous rappelle quelque chose ? C’est normal : ces données doivent s’intégrer dans chacun des périmètres définis lors du cadrage du projet.
Une fois rassemblées, un facteur d’émission leur est associé. Celui-ci permet de transformer une donnée brute en CO2e (ou CO2 équivalent).
Comment calculer mon bilan carbone entreprise ?
Le bilan carbone est la somme de vos données collectées multipliées par leur facteur d'émission.
Un facteur d'émission est un coefficient permettant de connaître les émissions de gaz à effet de serre liées à un objet, une matière, ou un service. Chaque donnée est associée à un facteur d'émission spécifique.
Pourquoi communiquer autour de sa démarche de décarbonation ?
Pour mettre en place des stratégies bas-carbone efficaces au sein de votre organisation, nous vous recommandons d’intégrer toutes les parties prenantes de votre entreprise.
Pourquoi ? Parce que l’entreprise est un écosystème où chaque personne physique et morale joue un rôle dans les émissions de votre activité. C’est pour cela qu’agir collectivement crée un effet de levier au niveau de votre entreprise, mais aussi à échelle de votre secteur d’activité ! Cela facilite la mise en place d’actions qui vous rapprocheront de vos objectifs de décarbonation, notamment au niveau de vos émissions indirectes.
Comment ? En communiquant autour de votre démarche ! En interne, bien sûr, mais aussi auprès de vos fournisseurs, de vos partenaires, de vos clients… Bref, de tous ceux qui constituent votre écosystème. Ceci vous permettra de les sensibiliser quant à l’importance de réduire leurs émissions.
Par exemple, votre communication vous permettra d’inciter vos collaborateurs d’avoir recours aux solutions de mobilité durable.
Une campagne de sensibilisation, quant à elle, pourra inciter vos partenaires à prendre le train plutôt que prendre l’avion.
Et en concret ?
Vous vous demandez quelles données, concrètement, rassembler ?
Prenons l’exemple d’une entreprise fabriquant des produits informatiques. Ici, la production d’équipements informatiques a un fort impact sur les émissions de GES, notamment lors de leur fabrication.
Aussi, prenez en compte les émissions liées à chaque étape de leur cycle de vie :
- Chaque composant qui constitue l’ordinateur ou le téléphone (carte mère, carte graphique, écran, etc.) ;
- Leur transport jusqu’à votre entreprise lors de l’achat ;
- L’assemblage des composants ;
- Leur durée d’utilisation au sein de votre entreprise et la consommation d’électricité associée ;
- Leur fin de vie.
- etc.
Vous êtes plutôt dans un établissement d’enseignement supérieur ?
Pour collecter toutes les données dont vous avez besoin, vous pouvez :
- Faire une enquête mobilité domicile-travail ;
- Rassembler les factures associées au chauffage des locaux et à la consommation d’eau ;
- Recenser les ingrédients utilisés pour les repas proposés aux enseignants et étudiants ;
- etc.
4. Calculer les émissions de gaz à effet de serre
Choisir une approche de calcul du bilan GES
Pour réaliser votre bilan carbone, vous pouvez vous appuyer sur 2 approches. Ce choix est très important : c’est lui qui va déterminer l’efficacité de vos plans de réduction des émissions de GES.
- L’approche par flux physiques s’appuie sur des données tangibles (quantité de produits achetés, de gaz utilisé, de déchets à gérer, etc.).
- L’approche monétaire est liée aux coûts associés à chaque émission. Cette démarche est moins précise et n’intègre pas tous les postes d’émissions.
💡 Le Conseil WeCount : Appuyez-vous sur l’approche par flux physiques dès que c’est possible. Ce sont les données les plus précises. C’est d’ailleurs l’approche recommandée par l’ADEME.
Déterminer les incertitudes liées à chaque donnée
Ces incertitudes dépendent du type de données collectées.
- Une incertitude de 0 % est associée à une donnée physique définie à l’aide d’instruments de mesure très précis (avec une incertitude de mesure de 0 %). Cette situation est extrêmement rare.
- À 5 %, l’incertitude de mesure de vos instruments est supérieure à 0 %. C’est le cas lorsque vous vous appuyez sur une facture ou un compteur (d’électricité, par exemple).
- Dans le cas de données extrapolées, l’incertitude est de 30 %. Cela concerne les données secondaires dont l’unité a été convertie.
- Si l’extrapolation a été estimée de manière approximative, appliquez une incertitude de 50 %.
Analyser les données
Analyser toutes ces données vous semble une démarche fastidieuse ? Pas de panique : vous pouvez commencer par celles qui vous semblent les plus significatives.
Pour cela, posez-vous la question suivante : quelle est la quantité en termes de CO2e qui leur est associée ?
Faire cette analyse est très important : elle facilitera le processus de définition de votre plan d’actions.
Suivre l’impact de chaque donnée sur les émissions de GES
Pourquoi ? Pour mesurer votre progression vers vos objectifs. Dans le cas où celle-ci s’avérerait insuffisante, cela vous permettra d’ajuster votre plan d’actions.
Cette démarche est itérative : vous pouvez l’affiner au fil du temps. Car la transition bas-carbone est une démarche réalisée sur le long-terme (20 ans, voire plus) !
Peu à peu, vous optimiserez votre stratégie climat. Aussi, n’oubliez pas de suivre vos progressions.
Ce suivi des émissions est notamment réalisé par Schneider Electric (2). Cette entreprise relève chaque année leur progression vers leur objectif de 2025.
Par exemple, pour la mise en place d’énergies renouvelables, l’entreprise avait atteint 85 % de son objectif en 2022.
5. Mettre en place une stratégie de décarbonation de votre activité
Maintenant que votre bilan carbone est fait, par où commencer pour déterminer votre stratégie climat ?
Différentes méthodes peuvent être employées :
- En prenant en compte les bénéfices / risques de chaque action ;
- En analysant l’impact de chaque action sur vos émissions globales ;
- En déterminant la faisabilité de chaque opération (selon des critères quantitatifs comme qualitatifs) ;
- En vous appuyant sur la méthode du 80/20 (si 20 % des achats correspondent à 80 % des émissions de la production, il est intéressant de prendre en compte les émissions liées à ces achats).
Puis, choisissez une méthode de réduction. Celles qui sont conformes au SBTi (Science Based Target Initiative) sont :
- L’approche par contraction absolue (permettant d’obtenir une trajectoire de diminution des GES compatible avec l’Accord de Paris ; la réduction est de même intensité chaque année) ;
- L’approche par décarbonation sectorielle (basée sur le budget carbone associé à chaque secteur d’activité, elle s’appuie sur des données physiques).
Selon le SBTi, vous pouvez choisir des trajectoires court-terme différentes pour chaque scope : les scopes 1 et 2 d’un côté et le scope 3 de l’autre.
Comment savoir si votre stratégie de décarbonation est la bonne ? En utilisant, par exemple, notre plateforme de comptabilité carbone WeCount ! En entrant votre plan d’action de réduction d’émissions GES, vous pouvez voir en un coup d’oeil s’il est compatible avec votre trajectoire.
💡 Bon à savoir : définissez des actions adaptées à votre entreprise ! Toutes les organisations n’ont pas les mêmes contraintes et objectifs.
Comment savoir si l’action envisagée est faisable ? Nous vous conseillons avant tout de vérifier que votre démarche est acceptée par vos collaborateurs, ainsi que par les autres parties prenantes. Si elle ne l’est pas, une étape de sensibilisation pour embarquer votre écosystème est essentielle ! Ceci vous assurera la bonne mise en place des actions envisagées.
6. S’organiser pour réduire le bilan carbone de votre entreprise
Se former au calcul du bilan carbone
Vous ne savez pas par où commencer pour réaliser votre bilan carbone ? La réalisation d’un bilan carbone nécessite des compétences spécifiques en matière de réglementation ou d’environnement.
Avec ces compétences en main, vous obtenez un bilan carbone précis et détaillé.
L’avantage ? Votre stratégie climat est solide et cohérente avec l’Accord de Paris, mais aussi avec vos objectifs pour assurer la pérennité de votre entreprise pour les années à venir.
Aussi, la formation est votre allié ! Cela vous permettra d’internaliser toutes ces compétences, d’être autonome dans le calcul du bilan carbone mais aussi dans le suivi de votre plan de réduction de vos émissions et de votre progression.
Choisir ses outils
Les outils de collecte de données et de calcul du bilan carbone constituent un bon moyen d’aide à la décision.
Il existe plusieurs outils, comme :
- des fichiers Excel créés en interne ;
- des logiciels SaaS de comptabilité carbone, tels que la plateforme WeCount.
Définir les rôles et responsabilités de chaque membre de l’équipe
Embarquer l’ensemble de l’entreprise dans la mise en place des actions est un facteur clé de succès.
Aussi, créez une équipe projet en attribuant à chaque membre un rôle bien spécifique. Les responsabilités peuvent aller de la collecte des données et la gestion de l’équipe au suivi des résultats.
Par exemple, l’ambassadeur climat pourra s’occuper de la partie « communication ».
Enfin, communiquer sur l’importance de votre démarche en interne de la réalisation permettra à vos équipes de se préparer et facilitera la collaboration (notamment pour la collecte de données).
Faire l’état des lieux des ressources à votre disposition
Selon vos ressources (humaines, financières, etc.), vous pouvez définir une trajectoire de réduction des émissions réellement adaptée à votre entreprise.
Vous pouvez également identifier des besoins spécifiques, comme une formation, les éventuelles ressources manquantes ou la sensibilisation de vos parties prenantes. Vous pouvez également identifier les ressources sur lesquelles votre équipe peut s’appuyer.
En prenant le temps de les déterminer en amont, vous vous facilitez le travail !
7. Embarquer toute l’équipe et communiquer autour de votre stratégie de décarbonation
Nous l’avons dit précédemment, engager toute votre équipe est essentiel pour avancer vers vos objectifs.
Pour cela, rien ne vaut une communication en interne adaptée. Ainsi :
- Rassemblez toutes les parties prenantes ;
- Sensibilisez sur l’importance de décarboner votre entreprise (les ateliers comme la Fresque du Climat peuvent aider) ;
- Insistez sur les bénéfices pour toute la chaîne de valeur, mais aussi pour vos employés ;
- Communiquez sur les résultats obtenus au fur et à mesure que les années passent !
Ainsi, vous fidélisez vos équipes et créez de l’engouement !
Mais une communication externe a aussi des avantages ! Elle vous permet de faire connaître votre projet de décarbonation auprès de vos investisseurs, de vos clients, et même du grand public ! Cela valorise non seulement vos initiatives, mais aussi votre image et votre marque employeur. Cela pourrait même inspirer d’autres entreprises à se lancer aussi !
Vous souhaitez vous engager dans la transition bas-carbone, mais vous ne savez pas comment vous lancer ?
Vous ne disposez pas des compétences nécessaires en interne ?
Vous ne disposez pas d’outils et ne savez pas lesquels choisir ?
Chez WeCount, nous sommes des experts du bilan carbone et de la stratégie climat. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 entreprises de secteurs variés (agroalimentaire, cosmétique, numérique, textile, sociétés de conseils, etc.). Cela correspond à plus de 900 personnes formées !
Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !
(1) Méthode officielle pour le calcul du bilan carbone, https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/methodo_BEGES_decli_07.pdf
(2) Schneider Electric, 2022 Universal Registration Document, https://flipbook.se.com/ww/en/998-22385455/2023/#page/1
Vous pensez manquer de connaissances pour réaliser un bilan carbone ? Vous vous demandez comment définir une stratégie climat efficace ? Vous ignorez par où commencer ? Nous répondons à toutes vos que
Vous souhaitez vous lancer dans un bilan carbone ? Mais vous vous sentez perdu entre toutes les méthodologies existantes ? Découvrez leurs différences et les questions à se poser pour choisir la méthode la plus adaptée à votre situation !
Le GHG Protocol, le BEGES et le Bilan Carbone® sont des méthodologies qui permettent de comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre. Selon vos besoins, vous pouvez choisir de suivre les recommandations de l’une plutôt qu’une autre.
Quelle méthode choisir ? Quelle est la plus adaptée à votre situation ? Pour le déterminer, la première étape est de connaître les différences entre le BEGES, le GHG Protocol et le Bilan Carbone®.
Voici un petit tour d’horizon de ces méthodes pour vous aider à vous y retrouver et à construire une stratégie de réduction des gaz à effet de serre performante.
Quelles différences entre le BEGES, le GHG Protocol et le bilan carbone ?
Le bilan carbone est le terme qui fait référence à un état des lieux des flux de gaz à effet de serre. Pour le réaliser, deux approches sont largement utilisées :
- Le BEGES : la méthode française (la méthodologie Bilan Carbone® est un des moyens de faire un BEGES) ;
- Le GHG Protocol : la méthode internationale.
Chaque démarche et méthodologie a des spécificités que nous allons voir ensemble.
Quelles différences entre le bilan carbone et le Bilan Carbone® ?
Bilan Carbone® est une marque déposée qui a généralisé l’expression « bilan carbone », bien qu’il existe d’autres protocoles de mesure des émissions de gaz à effet de serre, comme le GHG Protocol (GreenHouse Gas Protocol) ou la norme ISO 14064-1.
Cette méthodologie a été définie par l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en 2004. Depuis 2011, la méthode Bilan Carbone® est diffusée par l’ABC (Association pour la transition Bas Carbone). C’est un outil de référence en matière de comptabilité carbone en France.
Quelles différences entre le BEGES et le Bilan Carbone® ?
Le Bilan Carbone® est une méthodologie, divisée en étapes obligatoires et qui permet de développer un plan de réduction des émissions de GES (stratégie climat) et sa mise en application.
Il permet de calculer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de votre entreprise ou d’un produit. C’est une méthode au service de votre stratégie d’entreprise.
À quoi sert-il ? Il dresse un portrait des émissions de GES sur une année passée. Il permet d'identifier les principaux postes d'émissions et les actions à mettre en place pour décarboner votre chaîne de valeur.
Le BEGES (bilan des émissions de GES) fournit un cadre réglementaire en lien avec la loi Grenelle II et la norme ISO 14064-1. Cette norme française spécifie les principes et les exigences applicables au niveau des organismes pour la quantification et la rédaction de rapports sur les émissions et suppressions de GES (1).
Ainsi, le bilan GES est une réglementation à laquelle les entreprises concernées doivent se conformer tandis que le Bilan Carbone® est une des méthodes qui permettent de réaliser un BEGES.
Quelles différences entre le GHG Protocol et le BEGES ?
Si vous souhaitez calculer votre bilan carbone, peut-être avez-vous déjà entendu parler de GHG Protocol (GreenHouse Gas Protocol). C’est un référentiel international de comptabilité carbone.
Son objectif : faciliter la comparaison des bilans de GES entre les organisations du monde entier grâce à une méthode standardisée. Il répond également à la norme ISO 14064-1.
Quelques différences méthodologiques existent entre le BEGES et le GHG Protocol ? Par exemple, le bilan GES implique la définition d’un plan de réduction des émissions carbones.
De plus, les sources d’émissions de GES prises en compte sont identiques, mais leur classification est différente. On parle de scopes pour le GHG Protocol et de catégories pour le BEGES.
Bilan Carbone® de l’ABC : quelles spécificités ?
Définition
Le Bilan Carbone®, initialement développé par l'ADEME, est désormais géré par l'Association Bilan Carbone (ABC). C’est une méthode volontaire de comptabilité carbone pour calculer les émissions de GES d’une organisation ou d’un produit.
Aujourd’hui, cette méthode en est à sa 8ème version. Elle s’appuie aussi sur la norme ISO 14064-1.
Elle prend en compte l’ensemble des émissions de votre entreprise :
- Celles directement issues de la fabrication (cela correspond aux émissions liées à la consommation d’énergies fossiles et de biomasse) ;
- Celles indirectement issues de votre activité (cela peut aller du transport des marchandises au type de repas prévus à la cantine des employés).
En bref : le bilan carbone prend en compte toutes les émissions liées aux flux physiques ou monétaires de votre société. (2)
Mais cette méthode ne sert pas uniquement à comptabiliser vos émissions de GES : avec elle, vous déterminerez un plan de décarbonation efficace pour toute votre entreprise !
La méthode Bilan Carbone® comporte 5 étapes :
- Entamer un Bilan Carbone® : déterminer ses objectifs et sensibiliser ;
- Définir le périmètre de la démarche : périmètre organisationnel, opérationnel et temporel ;
- Collecter et exploiter les données ;
- Définir son plan d’action et ses indicateurs de suivi ;
- Synthèse et restitution.
Les évolutions du bilan carbone®
L’ABC met constamment à jour la méthode afin qu’elle soit la plus exacte et holistique possible. (3)
Le but ?
- Définir une démarche complète et être compatible avec d’autres méthodologies internationales, telles que :
- Le GHG Protocol ;
- La CRSD (Corporate Sustainability Reporting Directive) à l’échelle européenne ;
- Renforcer la mobilisation et l’engagement de toutes les parties prenantes ;
- Tenir compte de l’empreinte carbone produit et de l’empreinte carbone territoire ;
- Avoir une approche plus holistique.
GHG Protocol ou Greenhouse Gas Protocol : qu’est-ce que c’est ?
Définition
Le GHG Protocol est la méthode de référence pour toute entreprise ayant des activités à l’étranger (filiale, export, etc.).
Cette méthode de comptabilité carbone a été créée, en 2001, par deux organisations américaines : le WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) et le WRI (World Resources Institute).
Contrairement à la méthode Bilan Carbone® et au BEGES, les émissions de gaz à effet de serre sont regroupées sous trois scopes, à savoir :
- Scope 1 : émissions directes de GES ;
- Scope 2 : émissions indirectes associées à l’énergie ;
- Scope 3 : émissions indirectes liées à l’activité.
Bien que la classification soit différente des standards français, les mêmes émissions de GES sont prises en compte.
Les standards pour la comptabilité carbone
La méthode GHG Protocol est détaillée par sept standards de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre. Ils sont destinés aux entreprises, aux gouvernements et toute autre organisation. (4)
C’est la combinaison de l’ensemble de ces standards qui permet d’obtenir un bilan carbone complet et précis !
💡 Bon à savoir : Peu importe la méthode choisie, le calcul du scope 3 est obligatoire en France et dans l’Union européenne (CSRD). Le calcul de votre bilan carbone doit prendre en compte ces 3 scopes !
Pour réaliser votre bilan carbone avec la méthodologie GHG Protocol, vous pouvez notamment vous appuyer sur les standards suivants :
Premièrement, le GHG Protocol Corporate Standard fournit des conseils pour répertorier toutes vos émissions de GES. Il s’appuie sur la comptabilisation de 7 gaz à effet de serre définis par le protocole de Kyoto, dont le méthane (CH4), le dioxyde de carbone (CO2) et les hydrofluorocarbures (HFC). Mais il ne prend en compte que les scopes 1 (émissions directes) et 2 (émissions indirectes notamment liées à la consommation d’électricité).
Publié en 2011, le Corporate Value Chain Standard vous guide pour comptabiliser toutes vos émissions de GES. Il prend en compte les postes d’émission liés au scope 3 (ou émissions indirectes liées aux postes d’émissions amont et aval de votre cœur de production).
Enfin, le Product Standard vous permet d’analyser les émissions liées au cycle de vie complet d’un produit. Le but ? Améliorer la durabilité de vos produits et définir un plan d’action efficace !
Bon à savoir : le cas des immobilisations
Selon le GHG Protocol, un investissement n’est pas amorti. L’impact carbone d’une immobilisation se fait donc sentir sur l’année où sont effectués les paiements (dans ce cas, vous vous basez sur le bilan comptable).
La conséquence sur le calcul des émissions de GES ? Elles apparaissent toutes la même année, les augmentant ainsi de manière importante.
Ceci est différent du BEGES, où les amortissements, et ainsi les émissions, sont lissées sur plusieurs années.
Pourquoi choisir le GHG Protocol ?
Vous êtes soumis à la CRSD ? Suivre les recommandations du GHG Protocol vous permet de répondre à l’obligation de fournir un reporting extra-financier sur vos implications RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises).
Il homogénéise aussi les bilans carbone des entreprises à l’international. Cette harmonisation permet de comparer les résultats entre deux entités situées dans des pays différents.
BEGES réglementaire : qu’est-ce que c’est ?
Définition
Le BEGES est une obligation légale d’évaluer la quantité de GES émise sur une année.
Ce dispositif est encadré par l’article L.229-25 du code de l’environnement (5). C’est une méthode d’analyse qui sert à estimer ses émissions GES.
Concrètement, le BEGES classifie les émissions de gaz à effet de serre en 6 grandes catégories :
- Émissions directes de GES (sources fixes ou mobiles de combustion, fuite, procédés physiques ou chimiques etc.)
- Émissions indirectes associées à l’énergie (consommation d'électricité, de vapeur, chaleur ou froid)
- Émissions indirectes associées au transport (transports et distributions, déplacements professionnels, etc.)
- Émissions indirectes associées aux produits achetés (biens immobilisés, déchets, actifs en leasing en amont, etc.)
- Émissions indirectes associées aux produits vendus (actifs en leasing en aval, fin de vie des produits invendus, etc.)
- Autres émissions indirectes
La méthode s’inscrit d’ailleurs dans ce cadre réglementaire. En réalisant un BEGES, vous êtes sûr de vous lancer dans une stratégie de décarbonation qui répond à la réglementation française.
Pour qui ?
La déclaration d’un bilan carbone s’appuyant sur le BEGES réglementaire est obligatoire pour certaines entités (2) :
- Les entreprises de plus de 500 salariés (250 si vous êtes en Outre-Mer) ;
- Les collectivités de plus de 50 000 habitants ;
- Les établissements publics de plus de 250 agents ;
- Les entreprises de plus de 50 salariés qui s’inscrivent dans le cadre du Plan France Relance.
La publication de votre bilan GES se fait tous les 3 à 4 ans.
Quelle méthodologie choisir pour réaliser un bilan GES ?
La méthodologie choisie dépend de votre entreprise, de vos besoins et de vos capacités.
Même si vous n’êtes pas concerné, nous vous recommandons tout de même de réaliser votre bilan carbone.
En effet, vous inscrire dans une démarche de décarbonation a de nombreux avantages, comme l’anticipation des risques climatiques, des évolutions réglementaires et des marchés.
Pourquoi choisir le GHG Protocol ?
Vous êtes une société soumise à la CRSD (ou bientôt soumise à la CRSD) ? Ou bien êtes-vous un groupe avec plusieurs filiales à l’étranger ?
Dans ce cas, nous vous conseillons de suivre les recommandations du GHG Protocol afin de vous aligner aux standards internationaux comme certains critères d’investissements ou de reporting de durabilité par exemple.
Pourquoi choisir le BEGES réglementaire ?
Vous êtes plutôt une petite structure située en France ? Ou une entreprise dont l’activité est nationale ? Dans ce cas, nous vous recommandons de suivre le BEGES réglementaire.
De plus, le BEGES est la méthodologie généralement utilisée par défaut lorsque l’entreprise n’est pas ou ne va pas être soumise à la CSRD, car cela permet d’être conforme à la législation française.
Enfin, lorsqu’il n’y a pas d’obligation de répondre à des standards internationaux, on privilégie le BEGES car les investissements sont lissés sur plusieurs années. Cela permet de définir plus facilement un plan d'actions cohérent.
Les différence entre GHG Protocol et le BEGES réglementaire
Les principales différences entre les deux méthodologies concernant les méthodes de calculs sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.
GHG Protocol | BEGES réglementaire | |
---|---|---|
Amortissement des immobilisations | Interdit | Recommandé |
Energie location-based | Obligatoire | Obligatoire |
Energie market-based | Obligatoire | Interdit |
Déplacements des visiteurs et clients | Pas de catégorie spécifique et reporting optionnel | Inclus |
💡 Le petit mot de la fin: Le choix de la méthode se fera en fonction de la finalité du bilan carbone et des activités de l’entreprise. Par exemple, pour déposer un dossier à la Science Based Target Initiative, il faut utiliser la méthodologie du GHG Protocol.
Vous voulez calculer votre bilan carbone ? Vous ne savez toujours pas vers quelle méthode vous orienter ?
Avec la plateforme WeCount, vous pouvez choisir le meilleur des deux mondes et utiliser les deux méthodes. Après avoir comptabilisé vos émissions de GES, vous pourrez alors passer à l’action !
Malgré tout, certaines entreprises peuvent rencontrer des difficultés à définir leur stratégie climat.
Rassurez-vous avec nos programmes bilan carbone, vous n’êtes plus seul ! Grâce aux synergies créées entre 12 entreprises et nos experts carbone, vous aurez toutes les clés en main pour une transformation durable.
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Sources
(1) Méthode pour la réalisation des bilans d’émissions de gaz à effet de serre, version 5, 2022, https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/methodo_BEGES_decli_07.pdf
(2) Ministère de l’économie et des finances, Comment établir le bilan carbone d'une entreprise ?, 2022, https://www.economie.gouv.fr/cedef/bilan-carbone-entreprise
(3), ABC, La méthode Bilan Carbone® évolue !,
https://abc-transitionbascarbone.fr/evolution-de-la-methode-bilan-carbone/
(4) GHG Protocol, Standards, https://ghgprotocol.org/standards
(5) Legifrance, Article L229-25, version en vigueur depuis 2023, https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000039369665
Découvrez les différences entre GHG Protocol, BEGES et Bilan Carbone et les questions à se poser pour choisir la méthode la plus adaptée à votre situation !
La consommation numérique connaît une croissance exponentielle. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre du secteur augmentent de 6 % chaque année. En France, le numérique représente 2.5 % de notre empreinte carbone et son impact pourrait tripler entre 2020 et 2050.
L’impact du numérique est large : fabrication, consommation et utilisation des équipements, la filière entraîne des conséquences matérielles, environnementales et sociales souvent sous-estimées.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons diminuer ensemble les émissions de GES du secteur, mais aussi ses externalités négatives. En route pour un tour d’horizon de l’empreinte carbone du numérique et des actions de réduction.
Quelle est l'empreinte carbone du numérique ?
Le numérique génère 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre du pays. Ce nombre vous paraît négligeable ? Cela représente pourtant 17 millions de tonnes CO2 équivalent (tCO2eq) émises en 2020. Et ce nombre est en hausse constante.
Les émissions du numérique pourraient atteindre 25 millions de tonnes de CO2e d’ici 2030, soit augmenter de 45% !
Le secteur numérique englobe trois composants : les équipements utilisateurs (ou terminaux), les centres de données (aussi appelé data center) et les infrastructures réseaux.
Les émissions de GES du secteur se répartissent ainsi :
- 79% proviennent des terminaux des utilisateurs ;
- 16% des centres de données (datacenter) ;
- 5% viennent des réseaux (Arcep, 2022)
L’empreinte carbone du numérique ne se résume donc pas seulement à l'utilisation d’internet. Derrière nos usages virtuels se trouvent des terminaux et des infrastructures matériels qui génèrent eux aussi des émissions.
Les trois composants du numérique : terminaux, réseaux et infrastructures à distance
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos équipements et leur durée de vie sont les premiers responsables de l’impact du numérique. La raison ? Le nombre d’appareils dépasse largement le nombre de centres de données. Ils sont aussi renouvelés plus fréquemment.
Creusons plus en détail l’impact de chacun des composants.
Les terminaux, premier facteur d’impact carbone
Nous l’avons vu plus haut, les terminaux sont la première cause des émissions de gaz à effet de serre du numérique.
80 % des émissions de GES de nos équipements sont relâchées avant leur première utilisation. Plus précisément, en France, 78 % des émissions proviennent de la fabrication et 21 % de l’utilisation (utilisations des réseaux et des centres de données inclus).
Les ordinateurs, les télévisions et les smartphones ont l’impact carbone le plus élevé avec :
- 39% pour les ordinateurs ;
- 26% pour les téléviseurs ;
- 20% pour les smartphones.
A eux trois, ils représentent 85 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux équipements électroniques et près de 50 % des émissions de GES totales du numérique.
💡 Bon à savoir : les terminaux incluent tous les appareils numériques, notamment les téléphones, ordinateurs, téléviseurs, objets connectés, consoles de jeux vidéo, appareils électroménagers, la domotique, etc.
Cet impact est en partie dû à une durée de vie moyenne trop courte :
- 2.5 ans pour les smartphones ;
- 3 ans pour les tablettes ;
- 5 ans pour les ordinateurs portables.
Cependant, le manque de données complique l’évaluation exacte de l’impact de leur durée de vie.
Les data centers, source croissante d’émissions de gaz à effet de serre
Les terminaux sont l’enjeu majeur de la décarbonation du numérique. Mais les data centers restent tout de même énergivores.
Le parc de centre de données croît parallèlement à l’augmentation des usages numériques. Il pourrait représenter 22 % des émissions GES d’ici 2050, et ce malgré une amélioration de l’efficacité énergétique !
Plus de 90 % des émissions de GES issues des data centers proviennent de la consommation électrique (Arcep).
Ces émissions ont augmenté de 15 % en 2022 par rapport à 2021 suite à la mise en service de nouveaux centres de données.
A l’échelle mondiale, l’arrivée de l’intelligence artificielle et l’explosion du volume de données à traiter pourraient doubler les besoins en énergie d’ici 2026 (Agence Internationale de l’Energie).
L'intelligence artificielle demande de l'entraînement. Cet entraînement est très gourmand en calcul et en volume de données. Il nécessite d’être alimenté par un grand ensemble de données et d’être ajusté en permanence pour fournir les résultats les plus précis possibles. Cela demande aussi de la réactivité ainsi que la capacité à traiter un maximum de requêtes en un minimum de temps. Cette réactivité exige une puissance de traitement bien plus intense que les programmes informatiques classiques.
De plus, les centres de données sont concernés par un effet rebond très important. L'effet rebond désigne le fait que “certains gains environnementaux dus à une gestion des ressources plus efficace ou à des progrès techniques sont sensiblement diminués ou annulés par une augmentation de la consommation ou une modification des usages” (Journal officiel du 28/05/2023).
Dans le cas des data centers, cela signifie que l’amélioration des performances énergétiques ne permet pas de compenser la croissance des usages du numérique.
Infrastructures et réseaux, dernier maillon de l’impact carbone du secteur
Les infrastructures réseaux comprennent les box internet, les câbles transatlantiques et les réseaux mobiles. Bien que leur part d’émissions de GES soit plus faible que les terminaux et les centres de données, la tendance est à l’augmentation.
En 2022, alors que la consommation électrique diminue en France, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobiles augmente de 7 % sur la même période. En 2021, cette consommation connaissait déjà une croissance de +6 %.
Cela est dû à l’accroissement de la consommation des données mobiles (28 % en 2022 contre 20% en 2021) et au déploiement de sites mobiles puisque 7 300 nouveaux sites mobiles ont été déployés en France en 2022.
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre des réseaux s’accentuent en même temps que les flux de données augmentent et que les réseaux mobiles comme la 5G et la 6G se déploient. Mais l’impact du numérique va au-delà des émissions de gaz à effet de serre.
Quels sont les impacts environnementaux et sociaux du numérique ?
La fabrication des équipements numériques nécessite l'approvisionnement en métaux, en terres rares et l'utilisation de produits chimiques.
L’extraction des matières premières et l’usage de ces produits entraînent la destruction de la végétation naturelle et des terres agricoles, la dégradation des sols et le rejet de substances hautement toxiques pour l’humain et l’environnement comme le mercure, l'arsenic ou le plomb.
De plus, l’extraction des terres rares produit des déchets radioactifs que nous ne savons pas traiter à l’heure actuelle.
💡 Bon à savoir : les terres rares sont des métaux omniprésents sur la croûte terrestre. Le terme rare caractérise leur faible concentration qui nécessite un processus d’extraction, de traitement et de séparation polluants et coûteux en énergie.
Sur le plan social, les conditions de travail dans les mines sont souvent précaires. On estime d’ailleurs que 40 000 enfants travaillent encore dans des mines. Aussi, des conflits militaires éclatent dans les pays où les matériaux sont extraits car ils ont souvent un quasi monopole de la matière première.
À cela s'ajoute une consommation intensive d’eau. Les centres de données fonctionnent jour et nuit pour satisfaire les requêtes des utilisateurs. Au-dessus d’un certain seuil de température, il faut les refroidir pour éviter la surchauffe.
En 2022, Microsoft a consommé à lui seul 6,4 milliards de litres d’eau avec le déploiement de l’intelligence artificielle et de nouveaux centres de données. C’est 34 % d’eau en plus par rapport à 2021. La même année, les data centers de Google ont consommé environ 15 milliards de litres d’eau. Cette surconsommation interroge lorsqu’on sait que certains des serveurs sont implantés dans des régions en stress hydrique comme l’Amérique du Sud.
De plus, les usines des composants électroniques rejettent des déchets toxiques dans les cours d’eau. Or, la fabrication se déroule là encore dans des régions en stress hydrique. Au Chili, la pénurie d'eau et la pollution causée par les mines ont vidé des villages entiers.
Après la fabrication, l'assemblage est principalement réalisée en Asie, où les employés travaillent jusqu’à 12h par jour sous une pression constante. Lors de la crise du coronavirus en 2020, certaines usines ont imposé à leurs travailleurs de dormir sur place pour maintenir la cadence de production.
Enfin, les déchets électroniques constituent un défi environnemental. Seulement 17 % des déchets électroniques sont recyclés, tandis que 60 % terminent dans des décharges à ciel ouvert dans des pays en incapacité de traiter ces déchets comme le Ghana ou l’Inde. L'accumulation des métaux lourds dans le sol menace directement la santé des travailleurs et des habitants. Par exemple, une exposition au mercure sur le long terme peut provoquer des lésions cérébrales sévères.
Les impacts sociaux et environnementaux du numérique restent souvent invisibles pour les consommateurs, car ils se produisent à l'autre bout du monde et ne sont pas visibles à court terme.
Pour terminer, on estime que la production d’un ordinateur moyen implique :
- 1.5 tonnes d’eau,
- 800 kg de matières premières,
- 22 kg de produits chimiques,
- Main d'œuvre aux conditions de travail dangereuses.
- Une tonne par personne chaque année rien que pour nos usages numériques
Maintenant que ces ordres de grandeur sont posés, analysons l’impact carbone d’un ordinateur portable.
Quelle est l’empreinte carbone d’un ordinateur ?
L'empreinte carbone d'un ordinateur portable se divise en trois phases : la fabrication, l'usage et la fin de vie.
Fabrication : des matières premières à l’assemblage
Le cycle de vie d’un ordinateur commence par l'extraction minière des matières premières.
Les ordinateurs contiennent plusieurs types de métaux :
- des métaux communs comme le fer, l'aluminium et le cuivre,
- des métaux précieux comme l'or et le platine
- Des terres rares.
Ces matériaux sont essentiels, mais leur extraction a un impact carbone élevé.
D’abord, les terres rares sont des métaux disséminés en très faible proportion sur l’ensemble de la croûte terrestre. Il faut en extraire une grande quantité de minerais puis les traiter chimiquement pour séparer les terres rares et les récupérer. Ces procédés sont très énergivores et génèrent beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, la raréfaction des ressources entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Plusieurs matières premières sont considérées comme critiques. C’est le cas du cuivre, du silicium, du lithium ou du cobalt.
Prenons l'exemple du cuivre. Il y a 100 ans, nous devions extraire 50 kg de roche pour obtenir 1 kg de cuivre. Aujourd’hui, nous avons besoin de 150 kg de roche pour 1 kg de cuivre dans les mines les plus rentables.
En d'autres termes, nous devons fournir plus d’énergie - donc émettre plus de gaz à effet de serre - qu’il y a 100 ans pour extraire la même quantité de cuivre.
💡 Bon à savoir : le même phénomène se produit avec le pétrole et le charbon. Nous avons épuisé les gisements les plus faciles à atteindre.
Paradoxalement, plus la taille du matériel diminue, plus le ratio matières premières - produit final est élevé :
- 1 kilogramme d’ordi = 400 kg de matières
- 1 kilogramme de smartphone = 1 000 kg de matières
- 1 puce électronique = 16 000 kg de matières
💡 Bon à savoir : on retrouve jusqu’à 50 métaux différents rien que dans un seul smartphone. On peut estimer qu’un ordinateur nécessite le même nombre de métaux puisque les processeurs, les écrans ou encore les circuits d’alimentations sont similaires. Imaginons la quantité de métaux nécessaire pour assurer la production mondiale !
Ainsi, la plupart des analyses de cycle de vie des ordinateurs (ACV) montrent que les étapes d’extraction des matières premières et de transformation des minerais en composants électroniques sont les plus émettrices de gaz à effet de serre.
La cause ? Un épuisement des ressources abiotiques qui induit une plus grande consommation énergétique, des procédés industriels chimiques et énergivores et donc des émissions de GES très élevées.
Par exemple, la gravure des semi-conducteurs (parmi d'autres procédés) relâche du NF3, un puissant gaz à effet de serre inclus dans le protocole de Kyoto.
Enfin, la chaîne de valeur éclatée des appareils électroniques entraîne des émissions liées au transport :
- L’extraction a souvent lieu en Afrique, en Amérique du Sud ou en Australie.
- La fabrication se déroule en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis.
- Le téléphone est assemblé en Asie du Sud-Est.
- Puis, la distribution s’effectue généralement par avion.
💡 Bon à savoir : en comparaison avec l’ensemble des émissions de la chaîne de valeur, le transport par avion représente environ 1 % des émissions totales. Cela signifie que la phase de fabrication est particulièrement émettrice de GES.
Phase d’usage
La phase d’usage du numérique contribue pour 21 % aux émissions de GES de l’ordinateur. Elle comporte trois enjeux majoritaires :
- La consommation d’énergie liée à l'usage des appareils, des box internet et du cloud,
- La production de froid pour refroidir les data centers,
- L’utilisation d’eau.
Aujourd’hui en France, l'utilisation représente 10 % de la consommation électrique nationale et 6.2 % de notre consommation d’énergie primaire. Ce chiffre pourrait atteindre 30 % d’ici 10 ans.
Fin de vie de l’ordinateur
L'obsolescence des appareils numériques empêche de rentabiliser l'impact environnemental de la fabrication. Les équipements sont de plus en plus difficiles à réparer à cause de composants miniaturisés et soudés, les mises à jour logicielles deviennent rapidement incompatibles. L’obsolescence programmée et les avancées technologiques incitent au renouvellement fréquent de son ordinateur donc à la surconsommation.
D’après Ecologic, 2,1 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont produits en France chaque année, dont seulement 43 % sont collectés par la filière recyclage.
💡 Bon à savoir : à titre d’exemple, seuls 20 % des matériaux (or, platine, aluminium, etc.) d’un smartphone sont récupérés lors du recyclage. Les autres métaux et terres rares sont aujourd’hui difficile à recycler.
Enfin, il est important de différencier fin d'usage et fin de vie d'un équipement. Lorsqu’on arrête d’utiliser un équipement, on parle de fin d’usage. Mais l’appareil peut souvent être réparé ou reconditionné, ce qui permet de retarder sa fin de vie et de réduire son impact carbone. Lorsque l’équipement devient inexploitable, alors on parle de fin de vie.
Selon l’ADEME, un ordinateur portable émet 156 kg CO2e lors de sa conception (Base Empreinte).
S’il est conservé 5 ans puis remplacé, l’impact est de 62.4 kg CO2e/an mais si on le conserve 8 ans, l’impact descend à 19.5 kg CO2e/an. Cela représente une économie de 69 % !
En définitive, l’empreinte carbone d’un ordinateur ne se résume pas seulement à l’usage, mais aussi - et surtout - à la fabrication.
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons mettre en place des actions pour minimiser l’impact carbone des équipements numériques.
Comment réduire l'empreinte carbone du numérique ?
Malgré ce constat, faut-il renoncer à l’usage numérique ? La réponse est non. Il s’agit de repenser notre utilisation et de rationaliser la conception des terminaux.
Selon qu’on soit utilisateur ou fabricant, nous pouvons instaurer des bonnes pratiques d’usage et de fabrication afin de minimiser les émissions de gaz à effet de serre du numérique. Voici comment.
Réduire les émissions de l’usage du numérique des utilisateurs
Côté utilisateur, nous pouvons réduire les émissions de gaz à effet de serre du numérique en allongeant la durée de vie de nos équipements et en sensibilisant à l’impact du numérique en entreprise.
Mais avant même de penser durée de vie, interrogeons nous sur notre besoin et notre consommation.
Quel est mon besoin réel ? Ai-je besoin de filmer au quotidien des vidéos en très haute qualité ou d’une capacité de traitement de l’image avancée ? Ai-je besoin d’une tablette puissante parce que c’est mon outil de travail ? Pour les entreprises, quelle est l’utilisation numérique réelle de mes collaborateurs ?
Si je veux remplacer mon équipement pour un appareil plus high tech, est-ce que je vais me servir de ces nouvelles fonctionnalités ? Pour les professionnels, vais-je vraiment exploiter le potentiel technologique ?
En ce qui concerne l’usage de l’intelligence artificielle, est-ce pertinent de recourir à l'IA pour la moindre questions ?
Si mon appareil reste fonctionnel, est-ce que je peux trouver une solution alternative au remplacement (par exemple la réparation ou le reconditionnement) ?
Le biais de nouveauté est la tendance à toujours privilégier la nouveauté au détriment de l’ancien. Cette attirance pour le neuf peut nous pousser à remplacer nos appareils même lorsqu'ils sont toujours fonctionnels. Ainsi, questionner son besoin permet de rationaliser sa consommation et d’éviter ce biais cognitif.
Si la réponse à ces questions nécessitent un renouvellement d’équipement numérique, voici quelques bonnes pratiques à mettre en place :
- Allonger la durée de vie des équipements en les renouvelant uniquement lorsqu'ils ne fonctionnent plus.
- Opter pour des terminaux reconditionnés ou recyclés plutôt que neufs.
- Réparer et protéger ses appareils grâce à des contrats de maintenance, des systèmes d'exploitation libres, des coques de protection, des mallettes de transport, des antivirus et des mesures de protection des données pour prolonger la durée de vie des équipements.
- En fin d’usage, envoyer les appareils en filières de reconditionnement ou de recyclage pour assurer une fin de vie responsable.
En entreprise, vous pouvez aussi sensibiliser et former vos collaborateurs avec des ateliers comme la Fresque du Numérique ou des formations proposées par l'INR (Institut du Numérique Responsable) ou l’Inria pour comprendre et réduire votre impact numérique.
Réduire les émissions de fabrication des équipements numériques
Côté fabricant, vous pouvez réduire l’impact carbone de la fabrication en instaurant des pratiques d'éco-conception et de réparabilité.
Éco-concevoir les produits numériques
L’éco-conception va de pair avec la rationalisation du besoin utilisateur et la sobriété. Cela signifie privilégier les fonctionnalités essentielles et une production raisonnée pour réduire la quantité de ressources nécessaires et diminuer l’impact carbone.
Ensuite, pour optimiser les performances environnementales de vos produits numériques, voici ce que vous pouvez faire :
- Adapter les fonctionnalités aux besoins des utilisateurs,
- Optimiser la gestion des flux de données et des flux vidéos par une adaptation systématique aux terminaux,
- Améliorer l'efficacité énergétique de vos équipements numériques,
- Mettre en avant l'indice de réparabilité et assurer la traçabilité des matériaux,
- Proposer de passer automatiquement en réseau WiFi quand c'est possible pour optimiser l’énergie consommée,
- Encourager la filière recyclage en proposant la réparabilité ou le recyclage systématique des appareils numériques.
Selon l’étude de l’Arcep, instaurer un principe d’éco-conception généralisé permettrait déjà de diminuer la consommation de ressources de 15 % et de stabiliser l’empreinte carbone du numérique à +5 %.
Améliorer la traçabilité des équipements numériques
Enfin, la traçabilité des équipements permet d’encourager une consommation responsable en aidant les consommateurs à mieux comprendre les impacts environnementaux des produits qu'ils achètent.
En tant que fabricant, vous pouvez notamment :
- Améliorer les informations disponibles pour les consommateurs,
- Afficher les impacts environnementaux des produits,
- Assurer une transparence totale de la chaîne de production,
- Adopter des labels environnementaux comme TCO Certified ou Blue Angel pour tendre vers une production respectueuse de l'environnement et des droits humains.
Ainsi, en agissant ensemble - fabricants et utilisateurs - nous pouvons diminuer durablement l'empreinte carbone du secteur !
Vous êtes un acteur de la filière numérique ? Découvrez plus de solutions et de conseils pour vous décarboner dans Guide de décarbonation du numérique.
Co-construit par WeCount et 9 entreprises du numérique, ce guide est pensé comme une feuille de route qui répertorie les leviers de décarbonation spécifiques au secteur du numérique.
Sources
Empreinte carbone du numérique : 1,1 million de tonnes de gaz à effet de serre en 2022
Etude ADEME – Arcep sur l’empreinte environnementale du numérique en 2020, 2030 et 2050Electricity 2024 - Analysis and forecast to 2026
Impacts environnementaux du numérique en France - GreenIT
Enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » - ARCEP
Que comprend l’empreinte carbone du numérique ? Comment limiter les émissions de GES du secteur ? Réponses dans cet article.
Diag Décarbon’Action, les subventions régionales, OPCO… Il existe plusieurs subventions selon votre cas de figure. Quelles sont les aides au financement disponibles ? Comment en bénéficier et à qui s’adressent-elles ?
Pour répondre à ces questions, nous vous proposons une approche en trois parties : réaliser votre bilan carbone, financer votre plan de décarbonation et former vos équipes au bilan GES.
Quelles subventions pour faire son bilan carbone ?
La subvention nationale la plus répandue pour réaliser son bilan carbone est le Diag Décarbon’Action de l’ADEME et de la BPI. Mais vous pouvez aussi obtenir des subventions régionales.
Subvention bilan carbone BPI : Diag Décarbon’Action
Le Décarbon’Action est un dispositif opéré par Bpifrance en partenariat avec l’Association Bilan Carbone (ABC). Cette subvention permet aux entreprises de financer une partie de leur bilan carbone et de leur stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Il s’agit d’un accompagnement de 12 jours répartis sur 6 à 8 mois. Vous repartez avec un bilan carbone, un plan d’action opérationnel et un kit de communication prêt à l’emploi.
Pour qui ? Le Décarbon’Action s’adresse aux TPE, PME et ETI de tous les secteurs d'activité, à l'exception des entreprises en difficulté et des sociétés civiles immobilières.
💡 Bon à savoir : la Commission Européenne considère les entreprise en difficulté lorsqu’il est pratiquement certain qu’en l’absence d’intervention de l’État elle sera contrainte de renoncer à son activité à court ou à moyen terme.
Pour en bénéficier, votre entreprise doit justifier :
- D’au moins un an d’activité,
- N’avoir réalisé aucune démarche de bilan GES dans les 5 dernières années,
- Avoir moins de 500 salariés
Si vous êtes éligible, vous devez déposer une demande en ligne sur le site de BPI France. Vous recevrez une réponse sous 3 jours ouvrés.
Pour en savoir plus, consultez notre article dédié au Diag Décarbon’action.
WeCount fait partie des experts Diag Décarbon’action accrédités par la BPI. Contactez-nous pour réaliser votre Diag avec nos consultants carbone !
Subventions régionales
Certaines régions subventionnent aussi la transition bas-carbone des entreprises.
C’est le cas de la Métropole de Lyon. Les entreprises de moins de 250 salariés ayant pour projet de réaliser un bilan carbone collectif (avec nos Promotions Climat par exemple) peuvent bénéficier d’une subvention à hauteur de 4000€.
Dans la région PACA, le dispositif CEDRE propose une aide de 3 000 € pour soutenir la transition bas-carbone des entreprises. Elle s’adresse aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires jusqu’à 5 millions d’euros.
La région Bretagne, quant à elle, soutient la transition bas-carbone de l’agriculture avec le dispositif AGRI Bas carbone. Cette subvention permet aux agriculteurs de financer un accompagnement individuel ou collectif pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Pour qui ? Ces aides s’adressent majoritairement aux petites et moyennes entreprises. Les critères sont variables selon les régions.
Rapprochez-vous de votre région pour prendre connaissance des modalités et des financements possibles.
Après le bilan carbone, comment financer votre stratégie de décarbonation ?
Vous avez déjà réalisé votre bilan carbone et vous cherchez à financer votre plan d’action ? Ou vous souhaitez optimiser votre stratégie de décarbonation ? Plusieurs options s’offrent à vous. Parmi les plus connus : ACT Pas-à-Pas et Tremplin pour la transition écologique.
Subvention ACT Pas-à-Pas de l’Ademe
Le programme ACT Pas-à-Pas offre un cadre méthodologique pour piloter efficacement votre stratégie bas-carbone.
Cette méthode vous aide à structurer votre stratégie, à évaluer l’efficacité de votre plan d’action pour améliorer vos performances, et à valoriser votre engagement auprès de vos parties prenantes.
Pour qui ? Elle s’adresse aux entreprises ayant déjà réalisé un bilan carbone, car l’objectif est de renforcer leur stratégie de décarbonation. Il vous faut un bilan carbone récent (moins de 2 ans).
L’Ademe finance 60 et 80 % des frais du programme selon votre cas de figure. Il existe deux types de subventions : projets de décarbonation individuels ou collectifs.
Subventions collectives
Les subventions ACT Pas-à-Pas collectives s’adressent :
- Aux grandes entreprises qui veulent aussi embarquer leur chaîne de valeur dans la décarbonation,
- Aux fédérations, coopératives, investisseurs, banques ou encore associations, qui visent la décarbonation d’un territoire ou d’un secteur d’activité.
Il faut un minimum de 10 entreprises pour pouvoir en bénéficier. Si vous faites partie de cette catégorie, un appel à projet est en cours.
Si l’approche collective vous intéresse et que vous voulez rejoindre un programme ACT Pas-à-pas, contactez-nous !
Subventions individuelles
Les subventions individuelles passent par le programme Volontaire Français ACT.
Les taux d’aides financières dépendent de la taille de l’entreprise :
- 60 % pour les grandes entreprises et ETI;
- 70 % pour les PME ;
- 80 % pour les TPE.
💡 Bon à savoir : Si vous êtes une entreprise industrielle, alors le dispositif ACT qui vous concerne est le PACTE Industrie.
Toutes les informations sont disponibles sur le site agir pour la transition écologique.
Subvention Tremplin pour la transition écologique
Ce dispositif finance les projets de transition écologique des TPE et des PME. Il s’inscrit dans le cadre du plan de relance.
Pour qui ? La subvention Tremplin s’applique aux entreprises de moins de 250 salariés réalisant un chiffre inférieur à 50 millions d’euros, aux auto-entrepreneurs et aux entreprises individuelles.
Pour en bénéficier, vous devez déposer un seul dossier à déposer pour plusieurs études et/ou investissements.
- La liste des opérations éligibles pour votre entreprise dans le tableur à télécharger sur le site internet d’agir pour la transition écologique,
- Les devis.
Attention, cette aide est disponible jusqu'au 31 décembre 2024 seulement. Anticipez votre projet de décarbonation dès maintenant.
💡 Bon à savoir : Suite au lancement du Diag Décarbon’action, les prestations de bilan carbone ne sont plus éligibles. Cependant, l’aide peut vous permettre de financer certains volets de votre stratégie de décarbonation.
Retrouvez les informations nécessaires du Tremplin pour la transition écologique des PME ici.
Tous ces dispositifs vous permettent de financer votre bilan carbone et votre stratégie de décarbonation. Un troisième type de financement est disponible pour accompagner la montée en compétences de vos équipes sur le bilan carbone.
Faire son bilan carbone et sa stratégie en formant ses équipes
Vous souhaitez combiner formation, réalisation de votre bilan carbone et définition de votre plan d’action ? Vous pouvez vous tourner vers le FNE (Fond National Emploi Formation) et votre OPCO.
Fond National Emploi Formation
Le dispositif FNE (Fond National Emploi Formation) est une aide financière de l'Etat pour accompagner les grandes transitions des entreprises, notamment la transition écologique.
Vous pouvez financer jusqu'à 70 % du coût de votre projet de formation.
Pour qui ? Le FNE s'adresse à toutes les entités exerçant une activité économique et aux associations.
Le budget global du FNE est réparti entre les OPCO. L’attribution se fait selon le principe du premier arrivé, premier servi.
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Le dossier est très simple à mettre en place, il vous suffit de fournir une convention de formation ainsi qu’un programme détaillé.
Nos Promotion Climat sont des programmes collectifs de 4 mois pour mesurer votre bilan carbone et définir votre stratégie climat en formant vos équipes. Le programme est certifié Qualiopi. Il est donc éligible au FNE et aux subventions des OPCO.
Les subventions pour le bilan carbone et la décarbonation sont nombreuses mais elles ne sont pas cumulables. Il est essentiel de bien choisir celle qui correspond le mieux à vos besoins et à votre situation. Par ailleurs, les budgets alloués aux OPCO diminuent chaque année. Nous vous conseillons d'agir dès maintenant pour bénéficier de ces aides.
Profitez-en tant que ces dispositifs existent !
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Vous voulez faire votre bilan carbone, mais le coût vous freine ? Bonne nouvelle, des subventions sont disponibles pour les TPE et les PME. Financer votre décarbonation, c’est possible. Voici comment.
L'industrie du textile produit 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année. C'est l'équivalent d'environ 4 milliards de tonnes équivalent CO2. Heureusement, des leviers d’actions sont possibles !
Aujourd’hui, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. La production de vêtements a doublé entre 2000 et 2014 (1). Dans la même période, les Européens ont augmenté leurs achats de vêtements de 40%, mais la durée de vie de ces habits est moitié plus courte qu’avant. Les émissions de gaz à effet de serre du secteur textile pourraient constituer 26% du total mondial si la tendance persiste.
L’industrie textile est un secteur-clé dans la réduction des émissions de carbone mondiales. Quel est l’impact carbone du secteur textile en France ? Quels sont les principaux postes d’émissions ? Quels défis pour le secteur face au changement climatique ? Tour d’horizon de l’empreinte carbone de l’industrie du Textile et de l’Habillement ! Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.
L’industrie du textile, qu’est-ce que c’est ?
Le secteur textile en bref
L'industrie textile désigne l'ensemble des activités de production et de transformation de fibres en étoffes, feutres, non-tissés et autres matériaux textiles utilisés dans divers produits finis.
Cela englobe entre autres :
- La production des matières premières textiles ;
- La transformation des fibres ;
- La filature ;
- Les procédés de fabrication (tissage, tricotage, non-tissé, tressage, etc.) ;
- L'ennoblissement (teinture) ;
- La confection ;
- etc.
Le textile ne concerne pas seulement l'habillement et l'ameublement. Son usage s'étend aux applications industrielles, médicales, de protection individuelle, et même dans les domaines de l'agriculture, du transport et du bâtiment. Ainsi, c’est une industrie importante pour la société.
La filière textile européenne
En Europe, selon Euratex la filière textile est répartie ainsi :
- Mode et habillement 42 % (exemple : vêtements)
- Ameublement et maison 14 % (exemple : rideaux, nappes)
- Industriel et technique (19 %) (exemple : textile médicaux, parachutes
On dénombre 197 000 entreprises européennes pour 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires (8). La France représente à elle seule presque 20% du total !
Et en France ?
On compte 2150 entreprises françaises (63% de PME) pour 62 500 salariés. En 2022, l’industrie textile a généré 15,5 milliards de chiffres d'affaires, dont 12,9 milliards à l’exportation (2).
Le secteur du textile français est réputé hors frontières pour sa qualité et son innovation. En 2022, la France a exporté près de 13 milliards d’euros de produits textiles, notamment des vêtements maille, lingerie et textiles techniques.
Cependant, la France a également importé environ 25 milliards d’euros de produits textiles, majoritairement en provenance de la Chine et du Bangladesh.
Enfin, les conséquences de l’industrie textile sur l’environnement et la société sont nombreuses : pollution de l’eau par microplastique et substances toxiques ou atteinte à la biodiversité, pour n'en citer que quelques-unes.
Dans cet article, nous nous concentrons uniquement sur l’impact carbone de la filière, notre cœur d’expertise.
Quelle est l'empreinte carbone de l'industrie du textile ?
Le secteur du textile est responsable de 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, etc.) selon l'Ademe.
Pourquoi un tel écart ? Les méthodologies utilisées et les informations d’une base de facteurs d’émission textile à l’autre peuvent varier d'où l'écart !
L’ADEME estime aussi que l’empreinte carbone textile d’une personne française est 442 kg de Co2e par an, soit l’équivalent des émissions de 68 t-shirts en coton ou 17 jeans !
Cela est dû aux matières premières utilisées et aux procédés industriels qui émettent de grandes quantités de CO2.
Mais l’importation joue aussi un rôle car un kilogramme de textile importé génère plus d'émissions de gaz à effet de serre qu'un kilogramme de textile produit en France :
💡 Bon à savoir : Sans intervention, les émissions de GES du secteur pourraient atteindre 2,7 milliards de tonnes par an d'ici à 2030, représentant une croissance annuelle de 2,7% !
Quel est l’impact d’un produit textile ?
Pour comprendre l’empreinte carbone de la filière, il faut se pencher sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Quels sont les impacts à chaque étape de production ? Quelles émissions de GES sont émises par la production ?
L’intérêt d’une analyse carbone par produit est l’obtention d’un bilan carbone beaucoup plus précis et plus fiable.
Le cycle de vie du produit textile comporte 7 étapes :
Chaque étape contribue, à son échelle, à l’empreinte carbone du secteur.
La production des matières premières
Les matières premières représentent 20 à 30% des émissions de gaz à effet de serre du secteur.
Il existe trois types de matières premières : les matières naturelles (animales et végétales), les matières artificielles et les matières synthétiques.
Les matières végétales et animales utilisent une grande quantité d’eau, de surface agricole et de pesticides.
La production émet des gaz à effet de serre à plusieurs étapes :
- Agriculture (élevage, culture, etc.) ;
- Usage des produits chimiques ;
- Déchets ;
- Etc.
Par exemple, un t-shirt en coton consomme 2 700 litres d’eau, soit la quantité d’eau que devrait boire un individu en deux ans et demi ! Outre l’impact carbone, la surproduction interroge lorsqu’on sait qu’11% des Européens et 25% de la population mondiale souffre de pénurie d’eau.
Mais ce n’est pas tout !
La majeure partie des produits textiles vendus aujourd’hui sont issus des matières synthétiques. Environ 70% des fibres synthétiques sont issues du pétrole (2).
Or, les matières synthétiques relarguent des microplastiques dans les cours d’eau et les océans lors de leur production, mais aussi à chaque lavage. Les conséquences sont nombreuses comme la pollution des eaux marines ou l’atteinte à la biodiversité.
Enfin, les matières premières artificielles utilisent des intrants naturels, comme la pulpe de bois, et sont transformées avec des solvants pouvant être toxiques. Leur impact provient principalement de l’utilisation de produits chimiques ainsi que des procédés énergivores nécessaires à leur fabrication.
Une fois la fibre produite, elle est transformée en tissu par des procédés industriels plus ou moins énergivores.
Les procédés de transformation et de fabrication
Les procédés de transformation et de fabrication du textile englobent toutes les étapes permettant de convertir les matières premières en tissus puis en produits finis, à savoir :
- La filature ;
- Le tissage et tricotage ;
- L’ennoblissement (la phase ayant l’impact carbone le plus élevé) ;
- La confection ;
La phase de transformation des fibres et tissus représente près de 50 à 80% de l’empreinte carbone de l’industrie textile selon les études. (3)
💡 Bon à savoir : Par transformation des fibres et tissus, on entend la filature, le tissage et le tricotage ainsi que d’autres traitements tels que l'ennoblissement et la confection.
Certains traitements sont particulièrement toxiques pour l’environnement. C’est par exemple le cas du tannage du cuir dont les substances toxiques comme le chrome sont rejetées directement dans la rivière. C’est le cas de la rivière du Buriganda au Bangladesh qui est devenue l’une des plus toxiques au monde.
C’est aussi le cas de certaines teintures de jean fabriquées à base de plomb et de mercure dont les particules sont rejetées dans l’eau au lavage. En Chine, la rivière Li est devenue tellement toxique qu’il est interdit de boire l’eau ou de pêcher.
Le transport
La chaîne de valeur du textile est éclatée mondialement. Cette spécificité implique beaucoup d'étapes de transport. Par exemple, la confection est souvent délocalisée en Asie ou au Proche-Orient car son coût est très élevé. Aujourd’hui, la majorité des produits textiles sont fabriqués dans des pays comme la Chine, le Bangladesh, le Maroc ou l’Inde.
De plus, le commerce en ligne peut accroître poste d’émission du transport. On estime qu’environ un vêtement sur cinq acheté en ligne est renvoyé au siège de l’entreprise, ce qui participe à la consommation de masse. Le e-commerce augmente les livraisons multiples et donc les émissions de GES liées au transport, notamment celles du dernier km.
💡 Bon à savoir : Le dernier km désigne la dernière étape de la chaîne de distribution. En général, la fin de la livraison est l’étape la plus impactante du transport, car c’est l’étape la moins optimisée de la chaîne.
L'usage et fin de vie
80% des vêtements finissent enfouis ou incinérés (1). Au niveau mondial, seulement 1% des vêtements usagés sont recyclés en vêtements neufs. Une majeure partie des vêtements finissent dans des décharges à ciel ouvert.
C’est le cas du Ghana qui reçoit des vêtements usés en masse (214 millions de dollars USD de textile chaque mois) sans pouvoir les traiter, faute de moyens. Heureusement, la réglementation en matière de déchets textile évolue en Europe.
Selon l’EEA (Agence Européenne pour l’Environnement), en Europe 4 à 9% des produits textiles sont détruits sans avoir été usagés, cela représente entre 264 000 et 594 000 tonnes de textile détruites chaque année !
Dans le cadre de notre partenariat avec l’UIT, nous avons calculé le bilan carbone type pour une entreprise textile en France (obtenu par pondération des émissions de gaz à effet de serre des entreprises participantes). L’usage et la fin de vie des produits pèsent pour 10% du bilan carbone (3).
Dans un contexte de surproduction et de consommation croissante, la gestion des déchets et de la fin de vie des produits est un pilier de la décarbonation du secteur.
💡 Bon à savoir : La loi AGEC du 10 février 2020 interdit la destruction des invendus tandis que la stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires prévoit une interdiction d’exporter ses déchets hors de l’OCDE sous certaines conditions.
Et concrètement, quel impact sur les émissions de gaz à effet de serre ?
Comparons l’impact carbone de trois pulls en laine, coton recycle et acrylique (matière synthétique) :
Pull en laine | Pull en coton recyclé | Pull en acrylique | |
---|---|---|---|
Fabrication | 52.90 kg CO2e | 8.10 kg CO2e | 25.50 kg CO2e |
Matières premières | 39.30 kg CO2e | 0.90 kg CO2e | 13.90 kg CO2e |
Approvisionnement | 0.90 kg CO2e | 0.50 kg CO2e | 0.70 kg CO2e |
Mise en forme | 8.60 kg CO2e | 5.50 kg CO2e | 7.30 kg CO2e |
Assemblage et distribution | 4.10 kg CO2e | 1.20 kg CO2e | 3.60 kg CO2e |
Usage | 2.52 kg CO2e | 3.58 kg CO2e | 2.46 kg CO2e |
Fin de vie | 1.28 kg CO2e | 1.52 kg CO2e | 1.01 kg CO2e |
Total | 56.70 kg CO2e | 13.19 kg CO2e | 28.97 kg CO2e |
Source : Impact C02
L’impact d’un pull en laine, c’est l’équivalent de deux enceintes connectées, 145 repas végétariens et quatre pulls en coton !
Le pull en acrylique quant à lui, correspond à plus de deux pulls en coton recyclé, 75 repas végétariens, et une enceinte connectée.
Dans tous les trois cas de figure, la fabrication du produit génère la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Le choix des matières premières et des procédés industriels est un levier de décarbonation primordial.
Zoom sur les principaux postes d’émissions
La majorité des gaz à effet de serre de l’industrie textile proviennent de la production de la fibre textile et de sa transformation en produit. Mais les émissions de CO2 équivalent ne sont pas le seul impact environnemental.
Les matières premières, première étape de la chaîne de valeur
Selon une étude Quantis (5), 15% de l’empreinte carbone de l’industrie textile provient de l’extraction et de la transformation des matières premières en fibre.
Ces chiffres varient d’une étude à l’autre selon l’échantillonnage et les critères pris en compte, par exemple l’utilisation du produit. Ainsi, les matières premières et leur transformation représentent 38% des émissions GES selon l’étude McKinsey (6) et 44% selon notre étude (3).
On retrouve des matières principales dans la plupart de nos vêtements : le polyester, le nylon, le coton, la viscose et le lyocell.
Le polyester
Le polyester est la matière première la plus utilisée dans la fabrication des vêtements (1). Sa fabrication implique l’extraction du pétrole et des procédés de transformation chimique lourds (appelé polymérisation). De plus, il est souvent produit en Chine, à Taïwan ou aux Etats-Unis.
Selon la base de données Ecoinvent, la production d’1 kg de polyester rejette 3.96 kg d’émissions de CO2 équivalent, soit 405 km en RER ou presque un aller-retour Paris-Marseille en TGV !
💡 Bon à savoir : Au-delà de l’impact carbone, ce sont 240 000 tonnes de microparticules de plastique qui sont relâchées chaque année dans les océans par le lavage des vêtements en fibre synthétique, soit l’équivalent de plus de 24 milliards de bouteilles plastiques !
Le nylon
La polyamide (ou nylon) est une matière première issue, elle aussi, du pétrole. Sa transformation nécessite beaucoup d'énergie et d'eau pour son refroidissement.
Tout comme le polyester, elle est responsable de pollution microplastique.
Le coton
Le coton représente un quart de la production mondiale. Pour sa production, non seulement des ressources en eau sont nécessaires, mais surtout l’industrie textile utilise une grande quantité de pesticides et d'insecticides.
Quel rapport avec le bilan carbone ? La culture du coton nécessite machines agricoles, utilisation de produits phytosanitaires et chimiques, processus de transformation du coton qui alourdissent le bilan carbone du secteur et des entreprises.
Le coton conventionnel est produit majoritairement en Chine, en Inde, au Pakistan, au Brésil et aux Etats-Unis.
1 kg de coton émet environ 2.17 kg de CO2 équivalent, soit presque deux fois moins que le polyester !
💡 Bon à savoir : Un t-shirt en coton, c’est aussi l’équivalent de 70 douches, d’où la nécessité de repenser notre consommation de vêtements !
La viscose et le lyocell
La viscose et le lyocell sont des matières artificielles fabriquées à partir de cellulose (bambou, maïs, eucalyptus, hêtre ou soja) et sont biodégradables. Bien qu’elles ne soient pas issues du pétrole, le procédé de transformation de cellulose est lourd. Il nécessite l’utilisation de produits chimiques hautement toxiques qui sont relâchés dans l’atmosphère.
💡 Bon à savoir : En plus du faible impact carbone, le lyocell est à privilégier car les solvants associés sont moins toxiques et peuvent être réutilisés.
1 kg de viscose émet 3.35 kg de CO2 équivalent. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'impact carbone du viscose est presque identique à celui du polyester ! Mais la matière la moins carbonée est le lyocell car 1 kg de lyocell génère 0.05 kg de CO2 équivalent (selon les bases de données). Ses émissions sont largement inférieure à toutes les autres matières premières ! Malgré des risques de déforestation d'eucalyptus, elle est considéré comme fibre écologique à produire.
L'alternative écologique : le lin
Le lin est considérée comme l'une des fibres les plus écologiques à produire. Elle ne nécessite que peu d'irrigation et peu de pesticides.
C'est aussi une matière relativement local car 80 à 85% de la production vient de France, de Belgique ou des Pays-Bas. Pourtant elle ne représente aujourd'hui qu'1% des produits textiles.
La phase de transformation : des procédés industriels lourds
La phase de transformation consiste à transformer la fibre en fil puis en tissu. Dans cette phase, on inclut :
- La filature ;
- Le tissage et le tressage ;
- L’ennoblissement ;
- La confection.
Ce sont des processus avec une consommation d’énergie excessive car ils ont souvent lieu dans des pays au mix électrique carboné.
Une étude menée par Cycleco démontre que cet impact varie selon le pays :
- France : 10.63 kgCO2eq / kg de textile
- Euromed : 24.96 kgCO2eq / kg de textile
- Turquie : 25.14 kgCO2eq / kg de textile
- Chine : 32.08 kgCO2eq / kg de textile
- Reste du monde : 25.14 kgCO2eq / kg de textile
Plus le mix énergétique est faible, plus le rejet d’émissions de GES est élevé. Mais la transformation des fibres en tissu est un procédé très énergivore quel que soit le pays.
Selon Quantis, la transformation des fibres génère 76% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie textile, dont 36% rien que pour l’ennoblissement !
L’ennoblissement (teintures, impressions, blanchiment, etc.) est une des phases de transformation du textile la plus émettrice de la filière. Ennoblir les tissus requiert une très grande quantité de vapeur d’eau, obtenue à partir de gaz.
💡 Bon à savoir : Lors de l'ennoblissement, pour obtenir de la vapeur d’eau, l’eau est chauffée à plus de 130° avec du gaz. Or, le gaz est une énergie très carbonée, ces procédés sont donc très impactant en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
Pendant la phase d’ennoblissement, la teinture et le séchage ont aussi un impact significatif sur le bilan carbone du produit textile.
La raison : une consommation d’énergie excessive et des résidus de produits chimiques qui nécessite des traitements énergivores en gaz.
Comment diminuer l’empreinte carbone de l’industrie textile ?
Mettre en place des actions au niveau de la filière
Maintenant que nous avons fait ensemble un état des lieux, comment réduire l’empreinte carbone à l'échelle du secteur ? Quels leviers peut-on actionner ?
Pour décarboner la filière du textile et de l’habillement, plusieurs pistes s’offrent à vous. En voici quelques-unes.
Soutenir la R&D
L’innovation peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur, notamment par :
- Le développement de nouvelles matières premières écologiques telles que les fibres artificielles issues de sources biosourcées comme la banane ou le bambou ;
- L'utilisation de fibres naturelles recyclées et l’extension de la filière de recyclage des fibres avec des exigences environnementales et de qualité ;
- L'amélioration de l’impact environnemental des matières premières existantes, par exemple les conditions de culture et les pratiques agricoles ;
- La conception et l’industrialisation de procédés de ruptures, autrement dit de technologies de production moins énergivores et plus respectueuses de l'environnement, pour l’ennoblissement par exemple.
Étendre la filière du recyclage des produits textile
En améliorant les possibilités de recyclage, on améliore le taux de réemploi et la réparabilité des produits ce qui diminue l’impact environnemental. Plusieurs leviers d’actions sont possibles :
- Améliorer les systèmes de collecte ;
- Financer et développer des projets de R&D sur le recyclage ;
- Développer une filière de recyclage industrialisée à grande échelle.
Former les professionnels du textile à la transition bas-carbone
Chez WeCount, nous sommes convaincus que la formation est un des moyens les plus efficaces pour gagner en connaissances et en compétences.
- Intégrer les enjeux climat et éco-conception au cœur des formations initiales textiles ;
- Sensibiliser et former les professionnels en entreprise aux enjeux, mais aussi aux leviers de décarbonation qu’ils peuvent mettre en place.
Sensibiliser les consommateurs
En tant qu’entreprise ou pouvoir public, on peut avertir sur les enjeux des modes de consommation de plusieurs manières :
- Accélérer le développement de l’affichage environnemental et présenter un score carbone pour permettre au client de faire un choix éclairé ;
- Communiquer et sensibiliser à l’impact des matières premières, par exemple en expliquant les différences d’impacts entre matières naturelles, artificielles, synthétiques et recyclées ;
- Communiquer et sensibiliser à l’impact de l’utilisation des produits textiles.
Enfin, on peut aussi améliorer la fiabilité des facteurs d’émission en réalisant collectivement des analyses de cycle de vie (ACV) ou en travaillant sur des bases de données communes de facteurs d’émission.
En agissant collectivement on peut créer un effet de levier et diminuer durablement les émissions de GES du secteur !
Vous êtes un acteur de la filière ? Pour découvrir comment réduire vos émissions de CO2e, consultez notre Guide de décarbonation de l'industrie textile. Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.
De quoi vous inspirer dans la construction de votre plan d'action !
Réinventer les modes de consommation
Nos modes de production et de consommation font partie des enjeux décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile. Les entreprises peuvent créer ou renforcer la valorisation de pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients.
Depuis quelques années, de nouveaux modes de consommation plus respectueux de l’environnement émergent :
- La location de produits textile ;
- La réparation (soutenue par des lois ou des aides de l’État)
- La seconde main ;
- Etc.
Adopter ces nouveaux modèles de production et de consommation, c’est faire de votre entreprise un moteur et un leader de la décarbonation au niveau de la filière textile, et plus largement au niveau de la société.
C’est le cas de Décathlon qui s’est donné pour objectif de réduire de 20% ses émissions de CO2 équivalent d'ici à 2026 (par rapport à 2021). (11)
Pour atteindre son objectif, Décathlon fait de l’économie circulaire un pilier de son plan de transition. L’équipementier développe un nouveau modèle économique qui mise sur l’éco-conception, le recyclage, l’allongement de la durée d’usage de ses produits et sur des nouveaux services de réparation, d’occasion et de location. (12)
C’est aussi le cas de la marque 1083. L’entreprise a lancé son modèle économique sur une conviction simple : ses jeans ne doivent pas voyager plus de 1083 km (contre 65 000 km pour la fast-fashion). Un défi réussi puisque l'entreprise a aujourd’hui 100 revendeurs et a été lauréate du plan de relance 2021 pour la création d'un nouvel atelier de confection dans les Vosges. (13)
En réfléchissant dès maintenant à de nouvelles manières de produire, consommer et commercer, vous évoluez en même temps que la réglementation. Et c’est un atout pour votre entreprise car la législation tend de plus en plus vers la durabilité.
Qu’en est-il de la réglementation ?
Depuis quelques années, les pouvoirs publiques visent un objectif global de réduction de l'empreinte carbone du produit textile, depuis la production des fibres jusqu'au mode de consommation.
Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC)
Loi AGEC et industrie textile
La loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire du 10 février 2020 vise à rendre nos modes de consommation plus durables. Elles touchent l’industrie textile de plusieurs manières, notamment par :
- La fin du plastique à usage unique d'ici à 2040 (exemple : emballage e-commerce) ;
- La transparence sur les impacts environnementaux des produits ;
- L'interdiction de détruire les invendus ;
- La création de filières pollueur-payeur (8)
Affichage environnemental des produits textiles
Le but est d’améliorer l'information fournie aux consommateurs concernant les impacts environnementaux des produits pour :
- Permettre au consommateur d'identifier rapidement les produits les plus écoresponsables ;
- Encourager les entreprises à se tourner vers l’écoconception et une production responsable ;
Le décret n° 2022-748 du 29 avril 2022
Publié en application de l'article 13 I de la loi AGEC, ce décret encadre les informations environnementales fournies aux consommateurs pour les produits susceptibles de générer des déchets (4).
Pour les produits textiles, les entreprises doivent désormais fournir une fiche-produit dématérialisée détaillant les caractéristiques environnementales, notamment :
- L’incorporation de matière recyclée ;
- La présence de fibre microplastiques ;
- La recyclabilité (sauf pour le cuir) ;
- La traçabilité géographique. (9)
Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD)
La directive CSRD renforce la réglementation en matière de reporting de durabilité. Toutes les grandes entreprises et les PMEs sont concernées dès 2025.
La CSRD impose notamment des obligations en termes de transparence et fiabilité de l’information durable, pour les consommateurs, mais surtout pour les investisseurs.
Ainsi, la législation tend de plus en plus vers une diminution de l’empreinte carbone du textile via des modes de production et de consommation raisonnés.
En synthèse
Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale.
Comment agir à l'échelle de l’entreprise ?
L'industrie dispose de six leviers d'actions principaux pour réduire l'empreinte carbone du secteur :
- Agir sur les matières premières ;
- Améliorer l'efficacité énergétique ;
- Accroître la durabilité des produits pour réduire le volume de consommation ;
- Encourager une consommation écoresponsable ;
- Renforcer les régulations et les mesures incitatives par les autorités ;
- Renforcer la collaboration sectorielle (référentiel commun, mutualisation des achats, R&D, etc.)
Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile & de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.
Vous préférez le format vidéo ?
Regardez notre webinaire sur la décarbonation de l'industrie textile. Nous y avons réuni 6 experts et professionnels pour parler des leviers pour décarboner les entreprises du secteur.
L'industrie du textile produit 2 à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre chaque année.
La filière textile a un rôle clé à jouer dans la décarbonation de l’industrie mondiale. En effet, le secteur émet 4 milliards de tonnes de CO2e chaque année, soit environ 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Mais les entreprises du secteur font face à un défi majeur puisque 90 % de leur bilan carbone provient des émissions indirectes, c’est-à-dire d’émissions qui ont lieu hors de leurs murs. Pour réduire vos émissions de GES, la première étape est de calculer votre bilan carbone afin de mettre en place par la suite une stratégie de décarbonation efficace.
Quelles caractéristiques prendre en compte pour réaliser votre bilan carbone ? Comment réduire vos émissions de gaz à effet de serre ? Réponses dans cet article.
Cet article fait suite au guide sectoriel réalisé conjointement avec l’Union des Industries Textiles.
Les caractéristiques du bilan carbone pour l’industrie textile
La méthode de calcul du bilan carbone est commune à toutes les entreprises, mais il existe des spécificités selon les secteurs. En effet, la filière du textile et de l’habillement se caractérise par un grand volume de références produits. Les entreprises doivent ainsi analyser leur impact au niveau des produits qu’elles proposent, de manière détaillée.
De plus, la majorité des émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile sont indirectes. Cela signifie que l’entreprise génère des émissions en amont et en aval de sa chaîne de valeur : chez ses fournisseurs, ses prestataires ou ses clients.
Ainsi, puisque la plupart des émissions ont lieu en dehors de son entreprise, il est important de mesurer les émissions de gaz à effet de serre à chaque étape de fabrication du produit, de la fibre au produit fini.
C’est pourquoi on privilégie une approche produit. Décomposer les étapes de fabrication permet d’identifier précisément où ont lieu les différentes émissions le long de la chaîne de valeur. Vous pouvez ensuite mettre en œuvre un plan d’action efficace et pertinent.
Pour cela, la première chose à faire est de définir vos familles de produits ainsi que leur granularité.
Voulez-vous suivre vos émissions de GES par référence ou par grande catégorie de produits ? Si vous renouvelez fréquemment votre gamme, une analyse par famille de produit - par exemple, le jean - facilitera votre travail et permettra des comparaisons années après années. Si votre portefeuille est au contraire constitué de produits intemporels, travailler à l’échelle de la référence peut vous permettre une étude plus fine.
Ensuite, de quel niveau de détails avez-vous besoin ? Par exemple, si vous êtes concerné par la loi AGEC ou souhaitez anticiper l’affichage environnemental, alors il est préférable de mesurer vos émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la référence produit.
💡 Le conseil WeCount : selon que vous choisissez une analyse par produit ou par famille, veillez à garder le même indicateur année après année pour évaluer votre performance en matière de décarbonation.
Il faut ensuite analyser la chaîne de valeur à l’échelle de votre référence ou de votre catégorie pour identifier les facteurs d’émission associés. Pour cela, appuyez-vous sur des bases de données propres à l’industrie du textile comme Ecoinvent ou Ecobalyse.
💡 Bon à savoir : les bases de données sont régulièrement mises à jour. Nous vous conseillons d’actualiser votre bilan carbone pour qu’il soit le plus précis possible.
Les études réalisées à l’échelle mondiale montrent que les émissions de gaz à effet de serre des entreprises textile se répartissent ainsi :
- Matières première : 20 à 30 % ;
- Processus de transformation et de fabrication : 50 à 80 % ;
- Utilisation et fin de vie des produits textiles : 10 à 20 %
Ces pourcentages sont calculés au niveau mondial et macroscopique, mais des disparités peuvent émerger au sein des entreprises. Cela est principalement dû aux matières premières utilisées, aux localisations de production et à l’endroit où sont lavés les produits.
Par exemple, en France, l’utilisation a un impact carbone faible, car notre électricité est relativement décarbonée.
Pour mieux comprendre les émissions d’un produit textile, consultez notre article dédié à l’empreinte carbone du secteur textile.
Ces trois postes sont les enjeux de décarbonation prioritaires pour la majorité des entreprises de la filière, et voici comment vous pouvez agir.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre des entreprises du textile
Quel plan d’action mettre en place pour diminuer ses émissions de GES quand 90 % sont issues des fournisseurs, des partenaires ou des clients ? Selon qu’on soit une marque (donc un donneur d’ordre) ou un fabricant, les actions seront différentes mais complémentaires.
Si vous êtes une marque, alors vous êtes responsable des commandes que vous passez. Vous avez le pouvoir d’orienter vos choix vers des solutions à plus faible impact carbone et d’encourager une consommation responsable.
Si vous êtes un fournisseur, alors vous pouvez systématiquement proposer des alternatives éco-responsables à vos clients pour encourager des nouveaux modes de production.
Peu importe votre rôle, vous pouvez déjà diminuer vos émissions de GES grâce à quelques actions de réduction ciblées sur les matières premières, les procédés de fabrication et la fin de vie des produits textiles.
Réduire l’impact des matières premières
Commençons par la première étape, les matières premières. Pour diminuer votre impact carbone, deux leviers s’offrent à vous : le choix des matières premières et un approvisionnement éco-responsable.
Se tourner vers des matières plus écologiques et recycler
Bien choisir ses matières premières est capital pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.
Par exemple, 1 kilogramme de polyester rejette 3.96 kilogrammes de CO2 équivalent (CO2e) tandis qu’1 kilogramme de coton émet environ 2.17 kilogrammes CO2e, soit près de deux fois moins que le polyester (Ecoinvent).
Ainsi, le choix de la matière peut considérablement augmenter ou diminuer l’impact carbone de vos produits.
Pour un choix éclairé, il faut prendre en compte avant tout :
- Le besoin de performance du produit et donc le besoin technique attendu
- La notion de durabilité
Ensuite, vous pouvez ensuite choisir la meilleure des matières premières répondant à ces deux critères.
De manière générale, on cherche à limiter au maximum les matières premières synthétiques (issues de la pétrochimie et non renouvelables) au profit :
- des matières naturelles à faible impact carbone comme le lin ou le coton issu de l’agriculture biologique,
- des matières artificielles dites écologiques comme le lyocell,
- des matières recyclées (si possible en boucle fermée).
Par exemple, l’entreprise Sofila développe une gamme de fils biosourcés pour s’affranchir de ressources pétrolières et non renouvelables. Ou encore Balas Textile a choisi de travailler avec des matières plus durables comme le lyocell.
Aujourd’hui, il existe des alternatives bas-carbone pour toutes les matières premières. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre impact environnemental, dimension économique et faisabilité technique.
Mettre en place une charte d’achats responsables
Dans la continuité du choix des matières premières, vous pouvez améliorer votre chaîne d’approvisionnement avec une charte d’achats responsables.
Elle repose sur trois piliers : sa démarche RSE, ses engagements et ses attentes envers ses fournisseurs et sous-traitants.
Pour mettre en place une charte d’achat responsable, vous pouvez :
- Communiquer avec vos fournisseurs sur vos engagements respectifs,
- Mesurer l’impact environnemental, social et sociétal de votre politique d’achat actuel pour chaque catégorie d’achat (fibre, fermoirs métalliques, emballage, etc.),
- Identifier ce qui peut être amélioré et définir des critères d’évaluation RSE (par exemple, une meilleure traçabilité des fournisseurs, etc.)
- Formaliser vos nouveaux engagements (par exemple en établissant un code de conduite à l’intention de vos fournisseurs et sous-traitants)
- Communiquer cette charte auprès de vos parties prenantes
C’est le cas de Balas Textile qui développe une gamme de polyester et de polyamide recyclés. Ils sont également signataires de la charte RFAR (Relations Fournisseurs Achats Responsables).
Vous pouvez aussi ouvrir le dialogue avec vos fournisseurs et partenaires actuels pour définir une charte commune et vous engager ensemble dans la décarbonation de vos activités. Effet boule de neige assuré !
Diminuer les émissions GES de la fabrication
Les processus de transformation des fibres textiles en produit sont très énergivores. Nous vous proposons trois actions pour améliorer vos performances énergétiques.
Améliorer l’efficacité énergétique des procédés de fabrication
L'amélioration de l’efficacité énergétique passe par trois piliers :
- Consommer moins
- Travailler sur l'efficacité énergétique
- Utiliser des énergies renouvelables
Consommer moins passe par la sobriété, l’entretien des machines ou encore l’utilisation de machines moins énergivores. Vous pouvez moderniser vos équipements existants ou les remplacer par de nouveaux moins énergivores au fil des années.
Vous pouvez travailler votre efficacité énergétique en optimisant les phases de fonctionnement ou encore en récupérant la chaleur fatale par exemple.
Enfin, vous pouvez développer l’utilisation des énergies énergies renouvelables ou de réseau de chaleur et de froid pour sortir des énergies fossiles. Nous y reviendrons tout à l’heure.
Zoom sur l’ennoblissement
L’ennoblissement est un des procédés les plus énergivores de la chaîne de valeur du textile. Pourtant, les ennoblisseurs peuvent réduire une partie de leurs émissions grâce à ces trois piliers.
C’est le cas de l’entreprise TAT (Teintures et Apprêts de La Trambouze). L’ennoblisseur utilise un compteur portatif pour mesurer la consommation énergétique de l’ensemble de leurs machines. Cela permet à l’entreprise de connaître puis de réduire la part de consommation de chaque équipement.
Vous pouvez aussi adopter des procédés à faibles émissions. Par exemple, une baisse de température de 20° lors de la teinture a déjà un impact visible sur le bilan carbone d’un ennoblisseur. Ou encore, certaines teintures naturelles ou issues de la chimie verte ont un impact moins élevé que les teintures traditionnelles.
Enfin, vous pouvez également explorer des nouvelles techniques émergentes pour réduire voire éliminer la consommation d’énergie carbonée. Par exemple, l’impression numérique pigmentaire permettrait de gagner 30 à 60 % d’énergie.
Sortir du gaz en développant l’utilisation d’énergie décarbonée
L’utilisation du gaz est largement répandue par les fabricants. Or, il est responsable d’une grande partie des émissions de GES lors de la fabrication.
Pour éviter le gaz, plusieurs actions sont possibles :
- Électrifier vos procédés ou passer à de l’hybride ;
- Vous brancher à un réseau de chaleur/froid
- Utiliser des énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse, etc.).
Vous pouvez sortir de la dépendance aux énergies carbonées en déployant un parc d’énergies renouvelables sur vos sites de production, par exemple des panneaux solaires sur le toit des usines. Ainsi, vous consommez une énergie produite sur place à très faible coût carbone.
Relocaliser la production dans un pays à l’énergie décarboné
L'impact des processus de fabrication varie selon le pays car ce sont des processus énergivores. Aujourd’hui, une grande partie de la fabrication a lieu dans des pays au mix énergétique carboné. Or, plus le mix énergétique est carboné, plus le rejet d’émissions de GES est élevé.
D’ailleurs, une étude menée par Cycleco démontre qu’un kilogramme de textile émet (2) :
- 10.63 kg de CO2 équivalent (CO2e) s’il est produit en France ;
- 25.14 kg de CO2e s’il est produit en Turquie ;
- Et 32.08 s’il est produit en Chine.
Avec une relocalisation partielle ou totale de la production en France (ou dans des pays à l’énergie décarbonée), les marques peuvent diminuer drastiquement l’impact carbone de leurs produits.
Améliorer la gestion de fin de vie des produits
La fin de vie des produits textiles pose des enjeux de gestion des déchets et de consommation. Trois leviers de réduction sont à votre disposition : la sensibilisation, l’éco-conception et le recyclage.
Sensibiliser le consommateur à un usage responsable
En tant qu’entreprise, vous avez le pouvoir de sensibiliser les consommateurs à des pratiques d’utilisations responsables.
Si vous êtes un fabricant, vous pouvez sensibiliser sur l’impact écologique des matières premières, vers des alternatives durables ou des nouveaux procédés de fabrication. Vous pouvez par exemple proposer des “prix” carbone, c’est-à-dire d’apposer pour chaque produit la quantité de tonnes de CO2 équivalent à côté du prix en euro.
Si vous êtes une marque ou un distributeur, vous pouvez par exemple, informer vos clients sur les bonnes pratiques de lavage pour faire durer un produit le plus longtemps possible.
Vous pouvez aussi sensibiliser à la réparation ou au recyclage pour insuffler une seconde vie aux produits textiles.
C’est le cas d’IKKS qui propose un guide d'entretien à ses clients pour conserver leurs vêtements le plus longtemps possible. L’entreprise incite à l’adoption de comportements respectueux de l’environnement avec des tutoriels couture, des conseils de lavage ou de lecture des étiquettes produit.
Éco-concevoir ses produits pour faciliter le recyclage
L'éco-conception privilégie la réparabilité, le recyclage et la durabilité des produits. Il s’agit de privilégier des matières et des procédés de fabrication qui dureront dans le temps et qui permettent un recyclage plus facile.
Eco-concevoir vos produits consiste à prendre en compte l’ensemble des impacts d’un produit avant même sa conception. Cela consiste à :
- Penser réutilisation et recyclage dès la conception du modèle ;
- Privilégier la durabilité et la résistance de vos produits ;
- Éviter les matières synthétiques ;
- Opter pour des teintures naturelles et non toxiques ;
- Favoriser les matières durables, écologiques, recyclable et/ou biodégradables ;
- Optimiser la fabrication pour éviter les chutes de tissus et les défauts qualités ;
- Réutiliser ou recycler vos produits en fin de vie pour en créer des nouveaux ;
Enfin, il est très difficile aujourd’hui de recycler un produit qui combine plusieurs types de fibres textiles. Éviter le mix-matière simplifie le processus de recyclage. Cela améliore aussi la qualité des matériaux récupérés, et donc de fabriquer des produits recyclés de meilleure qualité. C’est un cercle vertueux !
Recycler les invendus et les déchets textiles
Le recyclage des produits en fin de vie ou des invendus est une autre piste d’action pour diminuer les émissions de fin de vie.
Malheureusement, la filière recyclage pour l’industrie textile n’est pas encore industrialisée à grande échelle. En revanche, vous pouvez instaurer une économie circulaire en mettant en place la règle des 5 R.
Cette règle instaure la notion de circularité dans votre stratégie.
- Repenser ses produits pour qu’ils soient plus durables
- Récupérer vos produits pour limiter les déchets
- Réparer les articles pour allonger leur durée de vie
- Réutiliser les produits avant de les mettre avant de les mettre au recyclage
- Recycler lorsque le produit a atteint sa fin de vie.
Cette stratégie optimise le cycle de vie de vos produits en plus de limiter le besoin en produits neufs.
L’entreprise Cepovett, leader européen du vêtement professionnel, a mis en place un système de récupération des habits et pièces textile directement auprès de ses clients. Les produits textiles sont ensuite divisés en quatre parcours :
- le réemploi grâce à un système de réparation,
- le recyclage pour produire de nouveaux vêtements ou des isolants phoniques et thermiques,
- L’upcycling pour créer des produits sans transformation tels que des porte-tablettes
- La valorisation énergétique grâce à la transformation du résidu textile en combustible solide.
L’entreprise Boldoduc, spécialiste du textile technique, propose la réparation des produits vendus au sein de son atelier.
Vous pouvez aussi vous rapprocher d'acteurs proposant un recyclage en boucle fermée, comme Renaissance Textile, pour réutiliser les matériaux dans la chaîne de production.
💡 Bon à savoir : Le recyclage en boucle fermée désigne un processus de recyclage où les matériaux récupérés à partir de produits usagés sont réutilisés pour fabriquer de nouveaux produits de même type ou de qualité équivalente.
Vous pouvez aussi donner vos invendus à des associations pour le réemploi, ce qui prolonge la durée de vie des produits. Cela diminue l’impact carbone du produit en fin de vie, mais aussi du futur produit upcyclé.
Par exemple, l’entreprise Balas Textile donne ses chutes de textile issues du laboratoire afin qu’elles soient effilochées et broyées pour être utilisée comme matériau d’isolation.
Ainsi, mis bout à bout, le recyclage et le réemploi entraînent une réaction en chaîne qui diminue l'impact carbone de la filière entière.
Pour finir, nos modes de production et de consommation sont décisifs dans la décarbonation de l’industrie textile.
Les entreprises du secteur ont le pouvoir de valoriser les pratiques d’achats responsables auprès de leurs clients mais aussi d’instaurer de nouveaux modèles de production bas-carbone.
Pour décarboner la filière textile, il est nécessaire d’agir sur la surconsommation et la surproduction en réduisant les volumes à l’échelle mondiale !
Pour plus d’actions, consultez notre guide de décarbonation de l'industrie du textile !
Co-construit par WeCount, l'Union des Industries Textiles et 16 industriels du textile, ce guide regroupe + de 100 idées d'actions de décarbonation accompagnées de 70 d'exemples d'actions réalisées par des industriels du textile.
De quoi inspirer la construction de votre plan d'action climat !
Pour aller plus loin, nous avons réuni 6 experts lors d’un webinaire pour parler décarbonation de l’industrie textile et levier d’actions.
Les initiatives de l'UIT et de WeCount visent à soutenir la décarbonation de l’industrie du textile et de l’habillement. Le guide de décarbonation du textile est la première étape d'un effort collaboratif et continu pour aider le secteur à réduire durablement son impact carbone.
Vous êtes une entreprise textile et vous voulez faire votre bilan carbone ?
Nous sommes des expert-es du bilan carbone et de la stratégie climat. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 clients, notamment dans l’industrie textile !
Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !
Sources :
Guide de décarbonation du textile et de l’habillement, WeCount
Assessment of Carbon Footprint for the Textile Sector in France, Cycleco
Vous êtes une entreprise textile ? Vous voulez adopter une démarche bas-carbone ? Dans cet article, découvrez comment réduire vos émissions de gaz à effet de serre. Un indice : le collectif.
Face à l'urgence climatique, la décarbonation du secteur culturel n'est plus une option, mais une nécessité. Pourquoi décarboner le secteur culturel ? Quels sont les défis et les solutions concrètes pour une culture décarbonée ? Réponses dans cet article.
Au-delà de son rôle de créateur de lien social et de préservation du patrimoine, la culture possède le potentiel de façonner nos imaginaires. En racontant de nouveaux récits et en diffusant des visions différentes du futur, elle devient le moteur de transition de notre société.
Choisir de décarboner la culture, c’est préserver sa place de choix au sein de notre société. Mais c’est surtout choisir d’anticiper les changements à venir plutôt que les subir. Face à l’urgence climatique, pourquoi décarboner la culture ? Quelle est est l'impact carbone du secteur ? Comment les structures culturelles peuvent-elles réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ? Nous répondons à ces questions.
Embarquons ensemble vers une culture décarbonée !
Un secteur culturel riche de sa diversité
Le secteur culturel tient une place de choix dans la vie des Français. En 2022, 40 % des personnes âgées de 16 ans ou plus sont allées au moins une fois au cinéma, 22 % ont vu au moins un spectacle vivant au cours de l’année, et 32 % ont visité au moins un site culturel (musée, galerie, monument, site archéologique, etc.) selon l’Insee.
Le secteur culturel est riche de sa diversité. C’est tout un ensemble de disciplines rassemblées autour d'objectifs communs : raconter des histoires, créer du lien et transmettre notre identité culturelle.
Et pour cela, elle compte 8 branches :
- Le patrimoine (bibliothèques, musées, et sites historiques) ;
- Le livre et la presse (imprimeries de journaux, éditions de livres, de journaux et de revue) ;
- Les métiers d'Art (reliure, la joaillerie, et la fabrication d'instruments de musique) ;
- Les arts visuels (création artistique, photographie, et design) ;
- L’architecture.
- Le spectacle Vivant (arts du spectacle et les activités de soutien associées).
- L’audiovisuel et le multimédia (production de films, postproduction, et édition de jeux électroniques) ;
- L’enseignement culturel.
La Culture est un secteur important pour l’économie française avec 45,3 milliards d’euros de valeur ajoutée et près de 740 000 personnes employées (1). Parmi les 145 000 structures, 97% emploie moins de 9 salariés !
Le secteur culturel est diversifié et hétérogène. Mais au-delà des chiffres, la culture française rayonne hors frontière. Écrivain, artistes, réalisateurs ou encore publicistes érigent la force culturelle de la France en Europe et à l’international.
Façonner l’imaginaire et raconter des récits
Enfin, la culture joue aussi un rôle fondamental dans la cohésion sociale, la préservation du patrimoine, le sentiment d’appartenance ou le bien-être des citoyens.
Outre le caractère économique, la culture joue un rôle déterminant dans la création de nouveaux imaginaires collectifs et la diffusion des récits. Par ses diverses représentations, telles que la littérature, le cinéma, et l'art, elle façonne la perception et les valeurs de chacun, elle crée des liens entre les générations et révèle les évolutions sociales.
Cette capacité à structurer les pensées et les comportements se manifeste partout : dans les mythes fondateurs, les œuvres littéraires, les articles de presse, les productions audiovisuelles, les arts. Selon l'UNESCO, la culture est essentielle pour promouvoir la diversité et l'identité tandis que la Fondation Culture et Diversité souligne son importance dans l'éducation et l'inclusion sociale.
En définitive, elle est indispensable à notre société. Et c’est pourquoi nous devons la décarboner !
La culture face aux risques climatiques
Fonte des glaciers, montées des eaux, le changement climatique montre déjà des bouleversement réels. Mais face à un réchauffement supérieur à 2°C, nous risquons un emballement immaîtrisable de ces phénomènes. Difficultés d’accès aux ressources vitales, crises sanitaires ou accélération des événements climatiques extrêmes, nous nous exposons à de multiples conséquences !
Identifier dès maintenant les risques climatiques, c'est pouvoir bâtir une stratégie de décarbonation pour rendre son établissement résilient. C'est aussi participer activement au monde de demain et inspirer les autres acteurs à rejoindre le mouvement.
Mais concrètement, quels sont les risques pour le secteur culturel ? On en distingue cinq : réglementation, marché et réputation, technologie et physique.
Des évolutions réglementaires en faveur du climat
La lutte contre le changement climatique influence déjà les nouvelles lois au profit de la transition bas-carbone. Ces mesures peuvent impacter les établissements culturelles de plusieurs façons au cours des prochaines années :
- La mise en place d’éco-conditionnalité des subventions ;
- L’application de quotas d'émission par établissement, activité ou œuvre. Ces quotas pourraient obliger certains lieux à fermer ou à réaliser des travaux de rénovation ;
- Une restriction des mobilités pour les compagnies et artistes : limitation des vols en avion et des distances parcourues ;
- La limitation de la consommation énergétique des lieux pour les énergies carbonées comme le gaz ou le fioul ;
- Etc.
Ces exemples illustrent pourquoi nous devons anticiper dès maintenant les évolutions réglementaires !
Des risques économiques et de réputation pour les structures
Les aléas climatiques extrêmes entraînent des risques pertes financières et de réputation quelque soit le secteur d'activité. En voici quelques exemples pour la culture :
- Les représentations par fortes chaleurs provoquent des risques pour la santé des artistes et des spectateurs ou l’annulation d’événements ;
- L'augmentation du prix de l’énergie pour le déplacement des artistes ;
- Le catering ou ventes alimentaires à fort impact carbone ;
- Les phénomènes météorologiques extrêmes (inondations, sécheresses, cyclones) peuvent perturber les représentations ou la production des œuvres.
- Perte du pouvoir d’achat des publics avec l’augmentation du coût de la vie (énergie, transport, etc.) ;
Sans adaptation au changement climatique, ces aléas peuvent aussi ternir la réputation des organisations culturelles !
Des conséquences technologiques
Ces risques correspondent à des futurs enjeux technologiques qui pourraient avoir un impact sur l’activité des structures culturelles tels que :
- L’adaptation des infrastructures avec des systèmes de chauffage et de climatisation bas-carbone pour les représentations, la conservation des œuvres d’art ;
- L'approvisionnement en équipements technologiques (son et lumière) plus coûteux et plus difficile à cause de la raréfaction des ressources ;
- La pénurie énergétique qui impacte la création artistique, les représentations culturelles, la conservation des œuvres d’art ou les cuisines de certains lieux (pour ne citer quelques exemples) ;
- Le risque de surchauffe du matériel ;
Les dangers physiques du changement climatique
Enfin, le changement climatique affecte directement la santé humaine de plusieurs manières :
- Les canicules répétées et vagues de chaleur augmente le risque de déshydratation et de coup de chaleur pour les publics, les équipes techniques, administratives et les artistes ;
- Les inondations et la montée des eaux menacent les infrastructures ;
- Les vents de forte intensité peuvent entraîner une interdiction d'ouverture des sites au-dessus de certaines vitesses de vent ;
- Le changement climatique augmente les risques sanitaires, y compris la multiplication des pandémies.
Le secteur culturel rassemblent les individus. Il est particulièrement vulnérable à ces crises sanitaires, comme l'a montré la crise du coronavirus de 2020.
Ces phénomènes sont amenés à se répéter de plus en plus fréquemment avec une intensité de plus en plus forte. Sans plan d’adaptation, la viabilité des établissements culturels est menacée. Mais en identifiant vos risques et vos dépendances, votre structure devient résiliente. Pour toutes ses raisons, il faut décarboner la Culture !
Et pour cela, amorçons notre réflexion en analysant l’empreinte carbone du secteur culturel.
Quel est l’impact carbone de la Culture ?
Quelques chiffres pour démarrer : 1 tonne d’équivalent CO2 correspond à l’empreinte carbone mensuelle d’un Français ou à un aller simple Paris-New York en avion.
Un impact aux multiples facettes
L'empreinte carbone du secteur culturel diffère selon les branches, les activités et les formats des œuvres.
Par exemple, les festivals ou les concerts ont une empreinte carbone élevée en raison des déplacements des spectateurs et des visiteurs. Un grand festival peut générer jusqu'à 28 000 tonnes équivalent CO2. C’est 14 000 aller-retours Paris-New York en avion !
Au contraire, les résidences d'artistes émettent moins de gaz à effet de serre, car les déplacements sont plus restreints et la création se concentre dans un lieu fixe. Cependant, gardons en tête que le transport des artistes, des décors et du public produisent la plupart des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Les installations artistiques ainsi que les infrastructures peuvent aussi s’avérer énergivores et donc engendrer des émissions de GES.
Enfin, l'impact carbone de la diffusion d'œuvres artistiques varie selon le canal de diffusion, le format et la qualité souhaitée. L’impact du numérique est souvent sous-estimé dans le secteur, alors qu’il représente un poste d’émission important et grandissant !
Or, 86 % des internautes français de 15 ans et plus ont consommé au moins un bien culturel dématérialisé selon le baromètre 2022 de l’ARCOM. C’est près de 45 millions de consommateurs !
💡 Bon à savoir : les biens culturels dématérialisés incluent musique, films, séries TV, jeux vidéo, livres, photos, logiciels, retransmissions sportives en direct, presse, podcasts, spectacles vivants et documentaires.
Le streaming vidéo représente à lui seul 58% de la bande passante numérique. Une heure de streaming vidéo émet environ 64 g CO2e. En comparaison, visionner l'intégrale de la série Friends - soit 10 saisons - émet presque autant de CO2e que deux aller-retours Paris-Marseille en TGV (source : impact CO2) !
Quelles sont les enjeux de décarbonation pour la Culture ?
Analyser l'impact carbone du secteur culturel est complexe. Édition de livres, tournées, expositions artistiques ou production audiovisuelle, chaque branche possède son propre fonctionnement et ses spécificités. Par ailleurs, les données sont souvent indisponibles car le secteur ne dispose pas des ressources ni des compétences nécessaires pour les collecter.
Néanmoins, les structures culturelles partagent des enjeux communs.
Les déplacements des publics et des équipes artistiques, la consommation énergétique des bâtiments et des équipements techniques, et l'alimentation génèrent la majorité des émissions de gaz à effet de serre du secteur.
💡 Bon à savoir : Les événements tels que les festivals, les sorties de résidence ou autres représentations, montrent eux aussi leurs propres spécificités lorsqu'on les isolent de la comptabilité globale des établissements. Ils peuvent être pris comme un produit à part entière.
Prenons l’exemple d’une salle de spectacle. Une salle de taille moyenne mesure environ 800m2 pour une jauge de 1000 places. Elle accueille 70 000 à 90 000 spectateurs à l’année et embauche en moyenne une quinzaine d’équivalent temps plein (ETP).
Le public et les artistes se déplacent pour la représentation. Il y a sûrement un espace restauration et un bar pour les spectateurs, peut-être un catering pour les artistes. La salle utilise également de l'énergie pour les lumières, le chauffage, le système sonore. Toutes ces activités génère des émissions de GES.
D’ailleurs, le Shift Project estime qu’une salle de spectacle moyenne en périphérie produit environ 1 500 tonnes d'équivalent CO2 par an, principalement en raison des déplacements des spectateurs et des équipes artistiques. Par rapport à nos mesures de référence, ce sont 750 aller-retours Paris-New York en avion !
Notre tour d’horizon carbone est fait. Creusons maintenant du côté des trois plus gros enjeux de décarbonation.
Zoom sur les 3 principaux postes d’émission
La mobilité, l’énergie et l’alimentation constituent la majorité des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Pourquoi l’impact carbone de ces trois postes d’émissions est-il si élevé ?
💡 Les postes d’émissions à suivre viennent de notre expérience dans l’accompagnement de structures culturelles sur la décarbonation de leurs activités. Ces postes peuvent différer d’une branche à l’autre, notamment pour le livre et la presse, les métiers d'art ou l’architecture.
La mobilité, nerf de la guerre du secteur culturel
La majorité des émissions proviennent du déplacement des publics, des artistes et des équipes. Cela en fait le poste principal d’émissions de gaz à effet de serre !
Selon le rapport “Décarbonons la Culture” du Shift Project, la culture et les loisirs sont la troisième raison de mobilité des Français derrière le travail et les achats. Mais ce n’est pas tout puisque 43 millions de touristes internationaux visitent nos institutions culturelles.
Le musée du Louvre reçoit tous les ans plus de visiteurs internationaux qu’il n’y a d’habitants dans les vingt communes les plus peuplées de France. La mobilité des visiteurs représentent plus de 99 % de son bilan carbone pour près de 4 millions de tonnes équivalentes de CO2 !
Lorsqu’on parle de mobilité, il faut distinguer les différents types de déplacement, car les modalités de transport et le calcul des émissions varient :
- Déplacement artistes et équipes techniques : kilomètres parcourus, souvent en avion ou en véhicule motorisé ;
- Déplacement des visiteurs : kilomètres parcourus principalement en voiture ;
- Déplacements des collaborateurs (domicile-travail et professionnel) : kilomètres parcourus en voiture, train et avion ;
- Déplacement des décors : en tonnes par kilomètres parcourus souvent en camion
💡 Bon à savoir : mesurer la tonne de CO2 par collaborateur, par spectateur ou par entrée peut être une métrique pertinente pour le bilan carbone d’une structure culturelle.
Déplacement des publics
Sans inclure les festivals, les déplacements du public pèsent lourd dans l’empreinte carbone des établissements culturels.
C’est le cas de la Biennale de Lyon. Dans sa stratégie bas-carbone 2022, la Biennale de la Danse montre que les déplacements des spectateurs contribuent pour 46% de son bilan carbone.
C’est aussi le cas des salles de concerts l’Autre Canal de Nancy et les 4Ecluse de Dunkerque, l'impact de la mobilité des publics monte à 68% et 61% de leur bilan carbone selon le rapport du projet Déclic ! (3)
Les déplacements des spectateurs font partie des émissions de gaz à effet de serre (GES) les plus importantes du secteur culturel.
Pour quelle raison? La mobilité est le premier poste d'émission à l'échelle individuelle et le moyen de transport le plus utilisé reste la voiture. Les trajets en voiture représente environ 2.1 tonnes de CO2e par personne et par an. Elle a encore une place prépondérante dans nos vies actuelles. Or, c’est un moyen de transport qui génère d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
Ces émissions de gaz à effet de serre sont aussi les plus difficiles à quantifier pour les établissements, car ce sont des données qui n'ont jamais été étudiées par l’écosystème culturel. Mais aujourd’hui, c’est en train d’évoluer. Grâce aux labels écoresponsables ou au calcul du bilan carbone, ces informations sont de plus en plus accessibles !
D'autre part, d’une structure à l’autre, l'impact carbone des déplacements varie. Prenons l’exemple du Périscope et de la Tannerie, deux lieux culturels à la programmation riche. Les deux salles accueillent un grand nombre de spectateurs chaque année.
L’un se situe en plein Lyon, l’autre à Bourg-en-Bresse. La Tannerie attire beaucoup de visiteurs des villes et des villages aux alentours, son empreinte carbone est plus élevée que celle du Périscope qui s'appuie sur les transports en communs.
Le poids de la mobilité des publics varie selon le nombre de spectateurs, la distance parcourue, l'accessibilité du lieu et le mode transport. Mais en développant nos infrastructures autour des transports bas-carbone - comme le train ou les transports en commun- et en instaurant des actions incitatives, alors on peut réduire ces émissions !
Déplacement des artistes, des décors et des oeuvres
Les déplacements nationaux ou internationaux des artistes et des œuvres contribuent eux aussi à l’empreinte carbone du secteur. Les tournées, les carrières internationales ou encore la mondialisation poussent les artistes à effectuer leurs trajets en avion, en camion, ou en tour-bus.
Si nous reprenons l’exemple du Périscope, la salle lyonnaise accueille des artistes venus de tout horizon. Pour l’année 2019, le déplacement des artistes compte pour 35% de son bilan carbone ! En ajoutant les 18% de déplacements visiteurs et les déplacements professionnels et domicile-travail (13%), la mobilité représente 66% du bilan carbone du Périscope, soit les deux-tiers de ses émissions de gaz à effet de serre ! (4)
C’est aussi le cas du Kabardock, salle de concert réunionnaise de taille moyenne. En 2022, le déplacement des artistes pesait pour 34% de son bilan carbone et celui des publics représentait 32% !
Mais là encore, les mœurs évoluent. Le groupe de rock alternatif Shaka Ponk a décidé en 2023 d’arrêter les tournées pour des raisons écologiques. En 2024, c’est le festival marseillais Le Bon Air qui a déprogrammé l’artiste I Hate Models à cause de sa venue en jet privé. Avec des prises de positions fortes des acteurs culturelles, les pratiques peuvent changer !
Pour finir, les œuvres d'art voyagent souvent en avion pour des ventes ou des expositions temporaires. Cela alourdit considérablement le bilan carbone des musées et des galeries. Dans son rapport d’impact environnemental sur ’exposition “Expérience Goya” qui s’est tenu d’octobre 2021 à février 2022, le Palais des Beaux-Arts de Lille mentionne 36 tonnes d’équivalent CO2 émises pour le transport des œuvres, soit 20 aller-retour Paris-New York en avion ! (5)
Déplacements professionnels
Enfin, les déplacements professionnels sont le troisième volet de la mobilité culturelle. Ils comprennent :
- Les rencontres artistiques, techniques ou logistiques ;
- Les déplacements nécessaires à l'organisation des événements ;
- Les tournages (pour certains secteurs) ;
- Les tournées dans certains cas ;
- Tout déplacement des équipes salariés de l’établissement.
Prenons l’exemple des tournages de films et des séries. Ils impliquent des déplacements fréquents pour les équipes techniques, les acteurs et les équipements lourds. Les équipes et le matériel se déplacent souvent en avion lors des tournages. Selon l’étude d’impact d’Ecoprod, les transport représente en moyenne 32% du bilan carbone des productions audiovisuelles !
C’est pourquoi un film avec des lieux de tournage dispersés géographiquement aura un impact carbone élevé, car les vols et les transports sont importants.
Une consommation énergétique parfois difficile à maîtriser
La consommation énergétique est une autre source significative d'émissions de GES. Les bâtiments culturels tels que les musées, les théâtres ou les cinémas sont énergivores en raison des grandes superficies à chauffer, à climatiser, à éclairer ou à alimenter en équipements techniques.
Les émissions de GES sont surtout dues à l'utilisation d'énergie fossile comme le gaz.
La consommation énergétique d’une petite salle de cinéma en périphérie émet environ 24 tonnes de CO2e annuelles, soit 15% de son bilan carbone !
Une scène nationale, quant à elle, peut consommer jusqu’à près de 1 000 MWh (mégawatt par heure) par an d’électricité pour son éclairage, sa climatisation et le fonctionnement de son matériel de scène. En comparaison, une machine à laver consomme seulement 191 kWh par an !
Enfin, les musées et les galeries nécessitent un contrôle climatique strict pour la conservation des œuvres ce qui induit une grosse dépense énergétique.
💡 Bon à savoir : les infrastructures reposent encore trop sur les énergies carbonées, comme le gaz. Malheureusement, la plupart des structures culturelles sont locataires de leurs bâtiments ce qui peut rendre la décarbonation difficile. En se regroupant, les structures peuvent porter leur voix auprès de leur propriétaire ou de leur collectivité. Les réseaux sont aussi le moyen de porter des messages collectifs !
Des initiatives comme l'installation de chaudières à biomasse ou le raccordement au réseau de chaleur de la ville peuvent réduire significativement les émissions comme le montre la Papeteries de Vizille ou le CNAC le centre national des arts du cirque !
L’alimentation, un poste parfois sous-estimé
L'alimentation contribue aux émissions de GES du secteur lors des événements culturels, mais pas que ! Repas collaborateurs, résidences d’artistes, restauration des salles de concert, tournées, beaucoup de lieux et de productions culturelles déploient un catering ou autre food trucks pour rassasier les publics, les artistes et les équipes.
La consommation de viande, en particulier le bœuf, est une source majeure d'émissions. À valeur nutritive équivalente, un repas avec du bœuf relâche autant d’émissions de GES que 13 repas végétariens !
L’étude menée par le projet Déclic sur un 14 salles de concert montre que les achats pour la restauration et le bar représentaient 21% de leurs émissions de GES.
En 2019, le Hellfest a distribué 440 000 litres de bière. Selon le Shift Project, si la bière vendue provient d’un pays voisin et de l’agriculture dite « conventionnelle », son impact carbone s’élève à environ 600 tonnes de CO2e, soit 300 aller-retours Paris-New York !
Mais ce chiffre descend à environ 450 tonnes de CO2e pour une bière locale et biologique.
En outre, le gaspillage alimentaire et les déchets contribuent à augmenter l'empreinte carbone des événements culturels.
Comment décarboner la culture ?
Vous connaissez désormais les trois plus grands postes d’émission du secteur culturel. Dorénavant, une question s’impose : quelles actions mettre en place pour réduire ses émissions ?
Agir sur la mobilité, l’alimentation et l’énergie, vous permets déjà réduire significativement leurs émissions de gaz à effet de serre !
Diminuer l’impact des déplacements
Étude des publics, sensibilisation, réaménagement des plannings ou de la programmation, il existe plusieurs leviers à activer pour réduire les émissions de mobilité :
- Réaliser une étude de mobilité de son public pour agir au plus juste ;
- Mettre en place un plan de mobilité pour ses équipes afin de favoriser les mobilités douces (transport en commun, train, vélo, etc.) ;
- Privilégier le covoiturage, le train voire la visioconférence pour les déplacements professionnels ;
- Pour les publics, mettre en place des systèmes de covoiturage, de navette, aménager des parkings à vélo sécurisé et faire coïncider les horaires de représentation avec les bus et trains lorsque c’est possible ;
- Sensibiliser les publics et les artistes aux mobilités douces par des campagnes de communication ;
- Mettre en place une charte à destination des artistes incluant un engagement à utiliser des transports bas-carbone si cela est possible ;
- Repenser sa programmation, communiquer avec les autres établissements culturels pour mutualiser les tournées des artistes ;
- Supprimer le principe d’exclusivité avec les artistes pour diminuer les déplacements longues distances du public ;
Optimiser sa consommation énergétique
Maîtriser la consommation énergétique des infrastructures culturelles lorsqu'on est locataire peut s'apparenter à un défi. Mais là encore vous pouvez agir de différentes manières :
- Sensibiliser les équipes et bénévoles aux éco-gestes ;
- Mettre en place des sources d’énergies renouvelables ;
- Changer les systèmes de chauffage carbonés (comme les chaudières au fioul) et isoler thermiquement les bâtiments ;
- Pour les locataires, se regrouper pour demander aux acteurs publics ou aux propriétaires d’investir dans la rénovation énergétique des bâtiments culturels ;
- Encourager les pratiques de production éco-responsable dans les domaines du cinéma et de la production télévisuelle.
Repenser l’alimentation
Avec quelques ajustements logistiques, vous pouvez déjà avoir un impact notable sur le poste alimentaire :
- Proposer des options alimentaires biologiques, végétales et locales au sein de sa cantine ou lors des événements ;
- Servir par défaut un repas végétarien et proposer une option carnée ;
- Limiter l'utilisation de certains produits alimentaires polluants comme le bœuf ou l'avocat ;
- Afficher l’éco-score des menus ou produits vendus ;
- Utiliser de la vaisselle réutilisable sans plastique pour le service ;
- Proposer des doggy-bag pour éviter les déchets alimentaires ;
- Installer des points d'eau sur les événements, inciter à ramener sa gourde ;
- Supprimer les bouteilles en plastique ;
- Consigner le verre ;
- Proposer les invendus comme dons alimentaires aux associations.
Mais ce ne sont pas les seuls leviers. La force du collectif est une des ressources les plus puissantes !
Agir collectivement pour décarboner durablement
Regrouper ses efforts et mettre en place des initiatives communes sont des moyens redoutables pour diminuer durablement ses émissions. Mais c’est aussi une manière de créer des réseaux et des partenaires sur lesquels s’appuyer !
Mutualiser ses ressources
La mutualisation des ressources permet de partager les coûts, les risques, de créer des dynamiques de solidarité et de profiter de la force du nombre ! Et pour cela, vous pouvez :
- Création de zone de stockage pour les artistes et leurs oeuvres et le matériel de production ;
- Mutualisation des scénographies, des décors, de la vaisselle pour le catering, etc. ;
- Développer des projets de ressourceries comme la Ressourcerie du Cinéma, l'association ArtStock ou RécupScène (plateforme de réemploi de matériel) pour faciliter le partage de ressources, de matériaux et d'éléments de scénographie
- Acheter collectivement du matériel technique ;
- S’organiser autour de moyens logistiques communs ;
- Commandes communes (catering végétarien, bureautique, etc.)
Se rassembler pour un effet de levier
Pour finir, la force du collectif réside dans sa capacité à porter des sujets communs pour mieux faire entendre sa voix. Et pour cela, rien de tel que :
- Rejoindre un réseau culturel, une association, un label ou une fédération autour des enjeux environnementaux ;
- Participer à des projets collectifs nationaux (tels que le collectif des festivals ou Arviva) et européens ;
- Se rassembler autour d’enjeux communs (rénovation énergétique, accessibilité des transports, etc.) pour défendre d’une même voix ses besoins auprès des acteurs concernés.
Ces actions sont une première piste de réflexion, mais la liste n’est pas exhaustive. À vous de créer votre plan d’action climat en fonction de vos besoins et surtout de vos possibilités !
Pour aller plus loin, nous avons rédigé un guide de décarbonation du spectacle vivant. Ce guide est conçu comme un référentiel pour mettre en place votre plan d'action !
Et pour finir
Ce que vous devez retenir, c'est que les structures culturelles peuvent minimiser leur impact carbone grâce à quatre leviers principaux :
- La mutualisation des ressources ;
- La végétalisation de l'alimentation ;
- L’incitation aux mobilités douces ;
- La fédération pour porter sa voix auprès des acteurs publics et privés (par exemple les collectivités ou les entreprises de transport en commun)
Pour décarboner la culture, le dialogue est l'atout le plus puissant. Un dialogue entre tous les acteurs culturels : structures, spectateurs, artistes et pouvoirs publics.
Pourquoi ? Pour mutualiser les efforts, pour avancer plus vite, main dans la main et pour agir le plus efficacement possible.
Et pour aller plus loin, nous avons réuni six acteurs du secteur culturel lors d’un webinaire pour parler leviers d’action et retours d’expériences !
L’association Arviva met aussi à disposition des structures culturelles beaucoup de ressources pour se former aux enjeux climatiques, calculer son bilan carbone et construire son plan d’action climat.
Sinon, nous sommes des expert-es du bilan carbone et de la stratégie climat. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 organisations, dont 50 dans le secteur culturel ! Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous !
Sources
(1) Chiffres Clés 2023 de la culture et de la communication
(2) Décarbonons la culture ! Shift Project
(3) Décarbonons le live collectivement
(4) Stratégie Climat 2019-2030 du Périscope
(5) RAPPORT D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL - PBA LILLE
(5) Guide de décarbonation du spectacle vivant
Pourquoi décarboner le secteur culturel ? Quels sont les défis et les solutions concrètes pour une culture décarbonée ? Réponses dans cet article.
La France s’est engagée à contribuer à la neutralité carbone d'ici 2050. Pour cela, elle mise sur la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Cette feuille de route ambitionne de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique.
La Stratégie Nationale Bas-Carbone incarne l'engagement de la France à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Initiée en 2015 puis actualisée en 2020 (SNBC-2), elle vise à équilibrer les émissions de GES de la France avec les absorptions. La SNBC-3 est attendue pour l'été 2024.
Quels sont les objectifs de la SNBC ? Quelles sont les mesures concrètes mises en place ? Quel est l’impact sur votre secteur d’activité ? Nous répondons à ces questions.
Ce qu’il faut retenir de la SNBC
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) constitue un cadre pour guider la France vers une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (GES). Voici ce que vous devez retenir :
- L’objectif est de réduire l'empreinte carbone de la France et d'atteindre la “neutralité carbone” en 2050 ;
- Le gouvernement met en place des objectifs à court-terme (appelé budgets carbone) pour limiter les émissions de GES et diminuer progressivement les émissions ;
- La SNBC propose des mesures sectorielles notamment pour les secteurs d'émissions de gaz à effet de serre en France comme le transport, le bâtiment, l’agriculture ou encore l’industrie ;
- Elle repose sur l’engagement collectif de tous les acteurs du territoire (citoyens, entreprises, et collectivités).
La neutralité carbone (ou “net zéro” ou “zéro émission nette”) est définie par la loi énergie-climat comme « un équilibre, sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre ». En France, atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 signifie diviser par 6 les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
La neutralité carbone en tant que telle est le résultat d’un travail collectif, car elle n’est possible qu'à l'échelle de la planète. Autrement dit, nous ne pouvons pas être individuellement neutre en carbone, mais nous pouvons toutes et tous réduire drastiquement nos émissions pour contribuer à atteindre la neutralité carbone.
La SNBC, qu’est-ce que c’est ?
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) a été instaurée par la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Elle s'inscrit dans les engagements pris par la France dans le cadre de l'Accord de Paris.
SNBC, pour qui et pourquoi ?
La SNBC vise deux objectifs : tendre vers la neutralité carbone à horizon 2050 et réduire l'empreinte carbone des Français.
Nous l’avons vu plus haut, la neutralité carbone signifie que les émissions de GES sont équilibrées par les absorptions de carbone par les écosystèmes (forêts, sols agricoles) et les procédés industriels (capture et stockage du carbone).
Les technologies de capture et de stockage du carbone ne sont pas encore matures. À l‘heure actuelle, le seul moyen de tendre vers le zéro émission nette est de réduire drastiquement ses émissions de GES et de restaurer les écosystèmes. Cependant, les technologies de séquestration carbone ont une utilité prouvée et peuvent permettre de compenser les émissions résiduelles.
En bref, elle établit le cadre pour orienter la transition bas-carbone du pays. Elle oriente l'action publique, les budgets et la mise en œuvre de la transition bas-carbone en définissant des budgets carbone sur des périodes de cinq ans. Elle fournit aussi des orientations politiques à transformer en actions concrètes par les acteurs du territoire.
💡 Bon à savoir : Les budgets carbone sont des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser au niveau national.
SNBC, SNBC-2, quelles différences ?
La SNBC-2 a été adoptée le 21 avril 2020. Elle renforce les mesures initiales en tenant compte des progrès et des défis rencontrés, car les premiers budgets n’ont pas été atteints.
Avec cette nouvelle version, le gouvernement révise les budgets carbone pour être mieux alignés avec les engagements de l'Accord de Paris. Ils sont revus à la baisse sur les prochaines années :
- 2019-2023 : 422 Mt CO2eq/an
- 2024-2028 : 359 Mt CO2eq/an
- 2029-2033 : 300 Mt CO2eq/an
Ces budgets permettent de contrôler et de réduire progressivement les émissions de gaz à effet de serre pour atteindre des objectifs de réduction des émissions de plus en plus stricts. Cependant, ces objectifs sont ambitieux et nécessitent une mise en mouvement collective pour que nous puissions les atteindre.
Par exemple, la première version prévoyait la promotion des véhicules électriques (VE) et hybrides pour décarboner le secteur des transports. La SNBC-2 accélère cette mesure en ajoutant des objectifs intermédiaires tel que l’installation de 400 000 bornes de recharge publiques à travers la France.
Comment est révisée la SNBC ?
La Stratégie Nationale Bas-Carbone est révisée entièrement tous les cinq ans. Cette révision comprend :
- Une loi quinquennale pour fixer les objectifs et les priorités d’action en matière d’énergie et de climat ;
- La révision du scénario de référence et des budgets carbone ;
- La révision des orientations stratégiques ;
- La réalisation de consultations formelles en vue d’une adoption de la stratégie dans les 12 mois suivants l’adoption de la loi quinquennale.
L’enjeux de la SNBC réside dans la nécessité de donner une visibilité sur le long terme aux acteurs du territoire tout en minimisant les conséquences du changement climatique sur les citoyens et les entreprises.
Quels sont les objectifs et les moyens mis en œuvre ?
La Stratégie Nationale Bas-Carbone comporte quatre objectifs :
- Décarboner la production d’énergie ;
- Réduire de moitié les consommation d’énergie dans tous les secteurs ;
- Réduire les émissions non liées à l’énergie ;
- Augmenter et renforcer les puits de carbone ;
💡 Les puits de carbone sont un système (forêt, océan, etc.) qui absorbe naturellement une partie du CO2 émis.
Décarboner la production d’énergie
Pour cela, la SNBC propose de s’appuyer uniquement sur les ressources en biomasse, la chaleur issue de l’environnement et l’électricité décarbonée.
Réduire de moitié les consommations d’énergie
L'un des principaux objectifs est de réduire de moitié la consommation d’énergie grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique, une économie plus circulaire et des modes de vie plus sobres.
Réduction des émissions non-énergétiques
La SNBC-2 vise également une réduction significative des émissions de GES non énergétiques, en particulier celles provenant de l'agriculture (méthane) et des procédés industriels.
Cela signifie repenser l’agriculture traditionnelle en soutenant l’agroécologie, l'agroforesterie et l’agriculture de précision. Au niveau individuel, la SNCB entend tendre vers une consommation alimentaire de meilleure qualité et locale.
Renforcer les puits de carbone
Le développement des puits de carbone est vital pour capter et stocker le carbone (CO2) rejeté dans l’atmosphère. Pour les renforcer, le gouvernement propose les mesures suivantes :
- La gestion durable des forêts et amélioration des pratiques agricoles pour augmenter la séquestration de carbone (forêts et sols).
- L’utilisation de biomatériaux et de bioénergies (bioéconomie).
- Le déploiement de technologies de capture et de stockage du CO2.
💡 On assiste à un affaiblissement des puits de carbone des forêts françaises. Selon le Haut Conseil pour le Climat, certains puits sont devenus émetteurs ces dix dernières années. C’est pour cela qu’il faut diminuer rapidement nos émissions de GES.
En parallèle, le Ministère de la Transition Écologique prévoit de diminuer l’impact carbone des produits importés en produisant en France et en renforçant les normes et les exigences internationales.
💡 Bon à savoir : L'empreinte carbone inclut toutes les émissions associées à la consommation des Français, y compris celles liées à la production et au transport des biens importés.
Quel plan d’action pour la France ?
Le gouvernement s’appuie sur un volet de propositions générales mais aussi sectorielles pour accélérer la décarbonation du pays. Ces mesures combinent atténuation (par la réduction des émissions de gaz à effet de serre) et adaptation aux effets du changement climatique.
Les orientations transversales de la SNBC
La stratégie nationale bas-carbone encourage la prise en compte des enjeux climatiques dans l'ensemble de la société. Cela se traduit par des mesures au niveau individuel, mais aussi au niveau économique et politique.
Au niveau individuel, la SNBC préconise d'intégrer les enjeux de décarbonation dans la formation initiale, la formation continue et au sein des entreprises pour encourager (et développer) des nouveaux métiers en lien avec la transition bas-carbone. Elle propose aussi de sensibiliser et d'acculturer les individus à la notion d’empreinte carbone.
En ce qui concerne l’économie, l'objectif est d'encourager les investisseurs à financer des projets de transition bas-carbone grâce au développement d'outils ou de critères d’aide à la décision par exemple.
Enfin, la SNBC vise aussi la réduction des émissions liées à l’urbanisation et le développement des innovations bas-carbone.
💡 À ce jour, ces orientations restent encore abstraites et nécessitent la mise en place d’actions concrètes par les acteurs publics et privés.
La SNBC par secteur
Secteur | Objectif de réduction par rapport à 2015 | Mesures clés | Exemple |
---|---|---|---|
Transport | 2030 : -28% 2050 : Zéro émissions | Amélioration des véhicules. Promotion des modes de transport bas-carbone | Inciter à l'utilisation de véhicules électriques |
Bâtiment | 2030 : -49% 2050 : Zéro émissions | Rénovation énergétique. Adoption d'énergies décarbonées | Subventionner les rénovations énergétiques |
Agriculture | 2030 : -19% 2050 : -46% | Promotion de l'agroécologie. Réduction des surplus d'engrais azotés | Développer les techniques d'agroforesterie et la bioéconomie |
Fôret Bois et Sols | Maximiser les puis de carbone | Gestion forestière durable. Développement du boisement | Diminuer l'artificialisation des sols |
Industrie | 2030 : -35% 2050 : -81% | Transition vers des procédés de fabrication bas carbone | Intensifier la recherche et le développement de procédés de fabrication bas carbone |
Energie | 2035 : -33% 2050 : Zéro émissions | Diversifier le mix énergétique | Sortir du charbon pour la production de chaleur |
Transports
La décarbonation du secteur des transports repose principalement sur la promotion des modes de transport bas-carbone. Cela inclut :
- L'adoption massive de véhicules électriques et hybrides ;
- L'amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules thermiques restants ;
- Le développement de l'infrastructure de recharge pour véhicules électriques.
Par exemple, le gouvernement encourage l'achat de véhicules électriques en proposant des dispositifs financiers.
Bâtiment
Pour le secteur du bâtiment, la SNBC-2 accélère la rénovation énergétique et l'adoption d'énergies décarbonées. Cela comprend :
- L'isolation des bâtiments,
- Le remplacement des systèmes de chauffage au fioul par des pompes à Chaleur ou des systèmes de chauffage à énergie renouvelable.
En parallèle, la construction de nouveaux bâtiments doit respecter des normes environnementales comme la RE2020.
Agriculture
Pour décarboner l’agriculture, la SNBC-2 promeut notamment l'agroécologie et la réduction d’engrais azotés.
Les pratiques agricoles durables (comme l'agroforesterie) contribuent à séquestrer le carbone dans les sols et à réduire les émissions de méthane et de protoxyde d'azote. Par exemple, la rotation des cultures et l'utilisation de cultures de couverture peut améliorer la santé des sols et réduire les émissions de GES.
Le gouvernement soutient ces pratiques en proposant des formations et subventions pour accompagner la transition environnementale du secteur.
Forêt-Bois et Sols
La SNBC-2 encourage les pratiques de gestion forestière qui maximisent la séquestration de carbone, telles que la reforestation et l'utilisation de techniques sylvicoles durables.
On peut citer en exemple les projets de reboisement et de restauration des écosystèmes dégradés pour augmenter les capacités de séquestration de carbone des forêts.
Industrie
Enfin, la SNBC-2 propose une transition industrielle vers des procédés de fabrication bas-carbone. Cela comprend :
- L'amélioration de l'efficacité énergétique ;
- L'utilisation de matériaux moins carbonés ;
- L'adoption de technologies de capture et stockage du carbone.
Les entreprises peuvent bénéficier de financements et d'aides pour investir dans ces technologies.
La SNBC définit des trajectoires idéales pour réduire au maximum nos émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, il faut traduire ces orientations dans les lois ; les collectivités, les entreprises et tous les acteurs de la société doivent également s’approprier ces directions et mettre en place des actions opérationnelles pour se diriger ensemble vers une société décarbonée !
Les indicateurs de suivi
Le Ministère de la Transition Écologique met en place plusieurs indicateurs pour mesurer la réduction des émissions de gaz à effet de serre :
- Émissions de GES par secteur : Mesure des émissions annuelles dans les secteurs clés (transports, bâtiments, agriculture, industrie, etc.).
- Évolution des puits de carbone : Suivi de la capacité des forêts et des sols à absorber le carbone.
- Consommation énergétique : Mesure de la consommation énergétique globale et par secteur, avec un focus sur l'efficacité énergétique.
- Progression de la rénovation énergétique : Nombre de bâtiments rénovés et niveau de performance énergétique atteint.
Les entreprises peuvent utiliser ces indicateurs pour aligner leurs actions avec les objectifs nationaux.
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Les émissions de GES en France en 2023
En 2023, les émissions brutes de GES ont baissé de 5,8 % par rapport à 2022. C'est plus de deux fois supérieure à la baisse moyenne sur la période 2019-2022. Et c'est une bonne nouvelle. Cela signifie que la réduction des émissions de gaz à effet de serre s'accélère.
Cependant, un tiers de la diminution de nos émissions entre 2022 et 2023 s’explique par des facteurs conjoncturels non-reproductibles, par exemple le retour à une situation proche de la normale de la production électrique après l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires en 2022.De plus, l’empreinte carbone de la France est estimée à 9,2 tonnes équivalent CO2 par personne (soit 623 Mt éqCO2) en 2022 alors que la moyenne mondiale se situe à 6,8 tonnes de CO2e par personne. Nous devons donc continuer notre travail collectif de décarbonation pour intensifier cette diminution sur les prochaines années.
Et par rapport à la SNBC-2 ?
Le 2e budget carbone (2019-2023) pour les émissions brutes devrait être respecté. En revanche, les émissions nettes risquent d'excéder le plafond de 15 Mt éqCO2.
💡 Bon à savoir : Les émissions brutes sont la somme de toutes les émissions relâchées dans l'atmosphère tandis qu'on déduit l'absorption de CO2 des puits de carbone des émissions nettes.
La différence entre émissions brutes et émissions nettes s'explique par l'affaiblissement de nos puits de carbone ainsi qu'une diminution encore faible de nos émissions brut.
En ce qui concerne les secteurs d'activité, seul le secteur des déchets dépasse le budget carbone de la SNBC-2. L’énergie, le bâtiment, l’industrie, l’agriculture et les transports respectent leurs budgets carbone sur la période 2019-2023.
En revanche, les émissions des transports internationaux aériens et maritimes ont augmenté de 10 % en 2023 par rapport à 2022 en raison d’une augmentation du transport aérien international.
Quel rapport avec mon entreprise ?
La Stratégie Nationale Bas-Carbone s’inscrit dans une démarche globale de réduction des émissions de GES alignée avec l’Accord de Paris et le Protocole de Kyoto. Elle détermine les politiques de lutte contre le changement climatique. Bien que les orientations soient nationales, elles se diffusent au travers de lois et de mesures qui impactent directement l’entreprise.
Comment votre entreprise s’intègre à cette feuille de route ?
Les entreprises contribuent directement à la décarbonation de la société. Le bilan carbone en est une application concrète. Il vous permet de mesurer vos émissions de GES, d'identifier vos principales sources d'émissions pour ensuite définir une stratégie de décarbonation alignée avec l’Accord de Paris.
Mais le bilan carbone n’est que la première étape ! Lorsque vous aurez déterminé sur quels postes d’émission agir, vous pourrez mettre en place votre plan d’action pour réduire au maximum vos émissions de GES. Vous pourrez par exemple :
- Définir une nouvelle politique d’achats responsables ;
- Augmenter la part d’énergie renouvelables utilisées pour réduire la dépendance aux énergies fossiles ;
- Favoriser le train pour vos déplacements professionnels lorsque c’est possible ;
- Électrifier votre flotte automobile ;
- Arrêter le fret aérien et optimiser vos tournées ;
- Développer l’éco-conception ;
- Etc.
De plus, la SNBC influence les politiques publiques et les réglementations auxquelles les entreprises doivent se conformer. Et ces dernières évoluent en faveur de la transition bas-carbone. C’est le cas des réglementations sur l'efficacité énergétique des bâtiments ou des subventions accordées aux entreprises qui sont en partie déterminées par la SNBC. C’est aussi le cas pour l’affichage environnemental de certains produits comme le textile par exemple.
En définitive, la SNBC offre un cadre politique ambitieux pour décarboner durablement la France à horizon 2050. Cependant, ces orientations ne restent que des directions idéales à suivre. Pour atteindre cet objectif, nous devons mettre en place des actions concrètes. Et pour cela, les entreprises peuvent faire bouger les lignes en calculant leur bilan carbone et en mettant en place une stratégie de décarbonation !
Vous souhaitez vous faire accompagner dans votre transition bas-carbone ?
Chez WeCount, nous sommes des expert-es du bilan carbone et de la stratégie climat. Depuis 2020, nous avons accompagné plus de 300 entreprises de secteurs variés (agroalimentaire, cosmétique, numérique, textile, sociétés de conseils, etc.).
Pour en savoir plus, contactez-nous !
Source :
Stratégie Nationale Bas-Carbone complet
Plan d’action climat - synthèse pour les décideurs
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